Re: [Background-Terminé] Bloody Bery

par **Beryael** Sam 22 Fév 2014 - 5:00

Journal intime de Yaelerynda Nis'Drakhal – Jarod et Ae' j'vous connais, vous touchez à mon journal, j'vous pète la nouille.

***

Depuis la mort de Bery', depuis que je l'ai tué, un vide s'est insinué en moi, une triste obscurité rongeant mon âme. Pour la première fois depuis que je suis née, je me sens seule, plus seule encore que lorsque que je n'étais qu'une simple pensée dans l'esprit de mes incarnations. C'est vraiment étrange. Mais je suppose que c'est juste parce que je n'ai pas encore réussi à faire tomber Clydhe dans les mailles de mon filet.
Je ne pense pas que ce sera difficile d'ailleurs, après tout, il est dévasté par la mort de Bery' et Bery' était une partie de moi, il s'attachera à moi en espérant retrouver Bery' en moi. J'espère du moins, ça fait depuis aussi longtemps que la naine que je désire l'avoir pour moi, et pour moi seule.

***

Ca y est, Clydhe a marché, au delà de mes espérances d'ailleurs, je me retrouve avec un anneau au doigt. L'anneau que Bery' auparavant avait porté et que j'avais conservé contre moi. Contre mon cœur, contre ma poitrine, contre mon corps qui devient plus vide de jour en jour et que je n'arrive à remplir qu'avec l'alcool, la drogue et la cigarette. Je passe pour une camée de merde aux yeux de tout ces gens, toutes ces ombres qui portent l'arakne noire comme blason et dont je suis la gardienne en remplacement de Bery'. Je ne sais pas si mon... Fiancé (dois-je l'appeler comme ça à présent?) désire toujours autant le retour de sa vampire, mais si elle revient qu'est-ce-que je deviendrais moi ?Serais-je encore plus seule ?Aurais-je toujours le droit de porter ce blason ?

J'essaie de les convaincre que je suis meilleure que Beryael, qu'ils peuvent m'aimer autant qu'ils n'aimaient ce petit bout de femme. Je me montre plus joviale, et plus drôle qu'elle, mais je passe pour une débile...

J'ai d'ailleurs décidé de ressembler plus à la naine, parfois je formule des phrases qui me semblent plus intelligentes, mais ce sont des débilités apparemment. Du coup je me suis mise à la lecture, je lis beaucoup, mais en vain, ça ne m'amuse pas, ne m'apaise pas, ça me gonfle. Essayer d'être elle, m'épuise et j'aimerais faire une trêve dans ma vie actuelle. Revivre n'est pas aussi amusant que je ne l'avais pensé. Les choses ont bien changé et l'époque où j'étais idolâtrée me semble si loin, aujourd'hui quand les gens me voient saoule, ils ne pensent pas à venir s'amuser avec moi, mais se moquent de moi, me jugeant pathétique.

Tout ce monde est devenu si sérieux depuis ma mort, depuis que les Dofus sont en liberté dans la nature, les gens ne pensent plus assez à s'amuser.

***

Jahrodien est de retour.

Cette après-midi j'ai senti une vive secousse dans mon être remplissant une partie de ce vide qui s’agrandit de plus en plus. J'ai senti une partie de moi être attiré sans explication vers le sud amaknéen. J'ai lutté, et cette force s'en est allée, un temps seulement, car petit à petit, des émotions inexplicables commencèrent à m'envahir, la rage, la haine, la colère... J'ai cru exploser, comme Bery' quand j'ai repris un total contrôle.

Rien que de repenser à elle me fait souffrir.

Il n'y avait qu'une explication par rapport à cette afflux d'émotions, il était de retour, le lien, bien que déformé, lui aussi.

A qui pouvais-je en parler ?Clydhe, c'était la seule personne à qui il me paraissait naturel d'aller me confier. Après tout, dans un couple, on doit être là l'un pour l'autre, dans les moments les plus durs comme les plus doux... je suis allée le voir, il m'a envoyé chié et a disparu. Le vide a avancé considérablement à ce moment là.

Au final, j'ai trouvé des oreilles attentives chez Wolff et Gotthyka, ils m'ont écouté partager mes inquiétudes avant de déclarer que s'il s'approchait de moi, il finirait en morceau. J'ai tenté de leur expliquer qu'il était plus fort qu'eux tous réunis, j'ai essayé de les convaincre en vain, au bout d'un moment Gotthy' m'a demandé « Tu veux vraiment qu'il disparaisse ou pas ?Parce que là, on dirait que tu le protèges. ». Je suis restée silencieuse, au fond de moi, malgré mon amertume et ma rancœur je ne voulais pas qu'il soit ne serait-ce que blessé...

Demain j'irais acheter le cadeau de Nowel de Clydhe, en avance.

***

Je suis enceinte.

***

Je lui ai acheté un anneau, un peu une sorte de symbole pour lui rappeler que nous sommes fiancés, et le convaincre de mon amour. J'espère que ça lui fera plaisir, ça m'a fait plaisir à moi en tout cas. Ca m'a rappelé ce premier Nowel avec Jahrodien et nos « enfants » soldats. On avait capturé plusieurs personnes qu'on avait balancé au centre d'une pièce, un véritable buffet. Puis tour à tour, on leur avait offert des cadeaux. Le lendemain, Jahrod' était parti avec les adolescents s'entraîner, sans m'avoir offert quoi que ce soit. Et le surlendemain, pendant que j'observais la neige tomber en buvant une tasse de sang chaud, j'ai senti sa présence dans la chambre, j'ai tourné la tête et il m'a embrassé tendrement, enlevant la tasse de mes mains et la remplaçant par une bague.

« Pour qu'un lien nous unisse pour toujours, jusqu'à l'éternité. »

Si j'avais su à l'époque...

***

Kalishaely, Jhade, elles sont nées, ressemblant comme deux gouttes de sang à leur père et à leur mère, n'ayant que la couleur bleue de mes yeux.

Le vide a fait un bond dans sa grandeur.

***

Ayaneleys est venue à Sufokia, vêtue d'une longue robe noire, et d'un long voile cachant en parti son visage. Elle ressemblait à une superbe veuve noire. J'ai senti qu'elle approchait pendant que les petites prenaient soin de vider de son sang un homme qui traînait trop dans le quartier. Je suis sortie de la maison et je l'ai vu. J'ai d'abord eu envie de protéger les petites avant d'ouvrir mes sens pour connaître les intentions d'Aya'. Celles-ci n'étant pas mauvaises, je l'ai laissé s'approcher et me dire ce qu'elle avait à me dire.

« Rendez-vous dès la nuit, là où l'éternité a commencé pour de bon. »

Pas besoin de plus d'information, une fois la nuit tombée, j'ai enfilé une longue cape à capuchon et j'ai quitté le lit de la maison que l'ont partage moi et Clydhe, j'ai du mal à dire... Notre maison. Je me suis allumée une cigarette, et je suis allée jusqu'à l'Orme d'Amakna, il m'attendait sur un banc, seul. Comme la brume hivernale présente, je me suis glissée à ses côtés. Il m'a annoncé sans prendre de pincettes savoir comment faire revenir Beryael, m'a expliqué qu'elle était dans une autre dimension seulement, qu'elle pourrait revenir...

Le vide s'est un peu rempli.

Clydhe sera heureux.
Les filles aussi.
Les Shuligans peut-être même.
Tout ira bien.

« Mais offre moi ton corps ma chère Yael', il m'a tant manqué ces derniers siècles... »

Tout ira bien.

***

J'ai le droit de me reposer un peu, et je ne suis pas fatiguée, je viens donc écrire ici... Jarod ne me laisse aucun répit, mon corps est couvert de bleus et d’hématomes qui disparaissent petits à petits. Je sens les os se remettre en place et la chair se reconstruire. Le vide n'a jamais été aussi grand, je sais que j'ai fais une crise hier, j'ai pris trop de sang à Clydhe, je l'ai ai vu, tous, ils étaient horriblement morts, d'horribles cadavres me fixant et hurlant des cris que j'entendrais longtemps dans mon sommeil. Les orbites vides de Kéryle me fixaient, et elle répétait inlassablement que c'était de ma faute, que j'étais sa mère, et que je les avais tué...

J'ai toujours aussi peur.
Toujours aussi vide...

***

Beryael était si magnifique, totalement nue, roulée en boule, la pureté incarnée... Ses longs cheveux rouges semblaient comme lui faire une auréole divine... Son corps, la perfection. Quand elle a repris conscience, elle s'est mise à hurler, et je ne sais pas pourquoi j'ai eu le réflexe de la prendre dans mes bras, Jarod a fait de même. Nous étions les trois parts d'une même personne réunies. Comme-ci c'était naturel d'être ainsi, tous les trois l'un contre l'autre...

C'est là que le vide s'est rempli.
L'obscurité a laissé sa place à la lumière.
L'amour.

C'est en plongeant mon regard bleutée dans le sien, sanglant qu'un nouveau lien s'est crée.
Je l'aime.

A jamais je serais à elle, rien qu'à elle.

par **Beryael** Jeu 28 Aoû 2014 - 19:04

Part II

Chapitre 1

Combien de temps était-elle restée dans cet état ? La prise de conscience était dure, se voir pour la première fois après plusieurs semaines à l'état animal n'était pas facile à avaler. Couverte de sang, sa peau ayant encore du mal à se régénérer après des combats à l'issue plus qu'incertaine si elle n'avait pas été une vampire, les vêtements déchirés, enfin plutôt des bouts de tissus ne cachant plus rien de son corps pendouillant ici et là. Mais le plus étrange était de se voir avec une peau lisse, des ailes, sans pelage ni queue.

« Rends moi mon corps, aide moi à le torturer comme il l'a fait avec moi, Eniripsa je n'ai jamais cessé de te prier et de t'être fidèle, rends moi ma vie. »

La Déesse avait acceptée...

Beryael se trouvait au fin fond de la prison de la glace qui abritait « N » autrefois, ce même endroit dans lequel elle avait passé tant de jours et de nuits à se confier à celui qu'elle avait longtemps considéré comme son unique ami, la seule personne sur qui elle pouvait compter. Ils avaient tant de points communs qui les avait rapproché, et ça faisait déjà longtemps, trop longtemps qu'il l'avait abandonné. Revenir dans ce lieu si cher, lui avait mise une grande claque, et l'avait ramené à la réalité. Cette dure réalité où Jarod n'était plus, Yael' non plus, et où elle avait abandonné ses filles, ses amis...

Tout devait changer, elle devait retrouver Jhade, retrouver Kalishaely, qui avait été enlevée par Jarod et Aerylia dans le but de la préserver de sa bien étrange famille, retrouver Gotthyka, les Shuligans, et avant tout Clydhe, mais pas pour les même raisons.

La jeune vampire balança le cadavre de l'une des créatures qui gardait la salle contre un mur, et alla directement vers un coffre dans lequel elle avait gardé certains de ses habits à l'époque où elle passait des mois ici. Elle prit les vêtements, et alla directement à l'extérieur, elle marcha jusqu'à rejoindre le port et devant le capitaine du bateau qui faisait l'aller-retour Amakna/Sakaï, elle plongea dans la mer pour se laver.

« -Tout va bien mam'zelle.
-Très bien, merci, grogna-t-elle... »

Par pudeur sans doute il s'éloigna après un dernier coup d'oeil vers le corps de la jeune fille. Une fois propre, et sèche, elle enfila les vêtements, et alla à la rencontre du marin.

« Je veux retourner en Amakna, et vous le ferez gratuitement s'il vous plaît. »

Il n'osa pas protester, ils n'osaient jamais quand elle avait ce ton si sec et si brutal. Une fois le bateau en mer, elle prit une profonde inspiration, se réjouissant déjà de revenir.

***

« Ma douce Lizzy,

Comme je te l'avais promis, je suis de retour, je ne sais pas combien de temps s'est écoulé depuis que je t'ai donné la si délicate mission que de me faire passer pour morte et de faire attention à ce qu'il se passait chez les Shuligans. Vu ce que m'ont dit les espions que Jarod a laissé derrière lui, tu as été merveilleuse, comme toujours. Bien que trop absente en leur sein à mon goût.

Je vais d'ici peu commencer à prendre contact avec Clydhe, il ne saura bien évidemment pas que c'est moi, comment pourrait-il se douter une seule seconde que je suis encore en vie vu le beau travail que tu as fais ? Guette ses réactions je t'en prie, s'il n'en a pas, essaie de lui tirer les vers du nez.

Nous nous reverrons bien assez tôt...

Beryael

»

Bery' accrocha la lettre à la patte du petit piou bleu qui la suivait depuis son arrivée à Madrestam. Très rapidement, elle avait compris une fois de retour au palais d'Otomaï qu'elle serait la nouvelle Jarod. Une armée d'espions à ses pieds lui contant le moindre fait et geste de quiconque vivant dans le monde des douze. Une Ayaneleys cessant de pleurer et de se laisser mourir pour la disparition de son si regretté Jarod, et se jetant à ses pieds pour lui dire de faire d'elle ce qu'elle voulait. Elle n'était pas sûre de pouvoir se réjouir de prendre la place de l'homme qu'elle avait tant détesté et à la fois tant aimé, ainsi elle décida de juste, rester neutre en attendant un éventuel retour du Roi des charognes.

***

Ca n'avait pas été si dur que ça de retrouver sa nouvelle incarnation, il lui avait suffit de suivre le lien qui les unissait et de se laisser guider. Ses pas l'avait mené jusqu'à Sufokia, elle avait avalé une potion d'invisibilité et s'était glissée dans la chaumière où un jeune couple de steamer s'occupait du petit nourrisson. Beryael s'était approchée le plus possible pour la voir de plus près. Un adorable bébé, quelques petits cheveux d'un bleu aussi clair que ses yeux, et surtout normal, humain. Pas de canines, pas de haine dans son regard. Juste la normalité à laquelle Yael' avait toujours aspiré. Bery' avait toujours trouvé fabuleux la réincarnation des âmes, mais maintenant qu'elle voyait son âme soeur avoir la vie qu'elle avait toujours désiré, elle remercié les Dieux pour ne pas avoir crée la mort définitive.

Yael allait avoir la vie saine et humaine qu'elle avait toujours désiré, Bery' serait là pour la protéger de quiconque qui voudrait mettre fin à cette vie. Elle l'empêcherait de toucher à la drogue, de fréquenter les démons, de retrouver Jarod, elle la mettrait à l'abri de la guerre, des Shuligans et d'Allister. Elle allait faire offrir à celle qui avait fait de sa vie un enfer, une vie paradisiaque. Yael' avait suffisamment souffert.

Lorsque le couple laissa l'enfant dans son berceau, Beryael se glissa près de celui-ci et la prit dans ses bras.

« Salut toi... Moi c'est Bery', techniquement je suis une partie de toi, mais le destin a fait qu'on a pu être séparée. Tu m'as tout pris, mais maintenant je sais pourquoi, parce que tu voulais combler le vide dans ton coeur et tu ne connaissais que cette manière. Yael', je sais pas si c'est ton prénom dans cette nouvelle vie, j'en doute, mais je te promet de te protéger. Profites-en, c'est la première et dernière fois que tu pourras me voir. Je t'aime petite catin... Profite bien de ton humanité... »

Elle reposa la petite fille dans son berceau et la borda, le regard céruléen croisa les yeux vermeils de la vampire qui sursauté. C'était comme sentir son âme être sondée d'un coup, comme si elle l'a remercié, comme si elle lui disait Adieu et je t'aime en un regard. Beryael but une potion brâkmarienne et disparue. Se laissant guider par les informations qu'on venait de lui communiquer, elle se rendit jusqu'à une rue bien précise. Une fois à celle-ci elle observa le sacrieur qui marchait, elle eut un sourire sadique avant de rentrer dans son esprit.

« Salut « chéri » »

Beryael Nis'Hintar était de retour.

par **Beryael** Mar 5 Mai 2015 - 4:23

Chapitre 2

« 3 Octolliard 644

Cher Clydhe,

Tu as déjà remarqué à quel point l'automne est la saison la plus douce qui soit ? Le paysage se teint d'orange, le ciel s'assombrit pour que nous autres créatures de l'ombre puissions enfin sortir et bientôt, Djaul dominera les autres protecteurs. Je me suis toujours sentie rassurée quand cette saison arrive, je le suis d'autant plus cette année, vu que je suis en vie. Et dire qu'il y a un an, j'étais décédée, sous une autre forme, dans un autre monde, et Yael était encore en vie...

A Otomaï, on ne ressent pas vraiment le changement climatique, il fait toujours aussi beau, aussi chaud qu'en été, j'ai constamment la sensation d'étouffer et je commence à ne plus sortir du palais pour rester à l'ombre. Comme s'ils avaient trouvé un moyen de m'enfermer dans une prison dorée, petit à petit, les nobles se dépêchent de me donner des missions, de me demander des conseils, des ordres, et il se murmure que la reine est de plus en plus souffrante. Ma tante a toujours été de nature fragile vu qu'elle n'a pas grandi dans l'environnement qu'il lui faut, mais la situation devient inquiétante apparemment. Mais je n'ai pas le temps d'y penser. On me fait assister à des réunions où je ne comprends rien, on m'habille avec les vêtements les plus inconfortables qui soient, et on me fait boire des boissons dont un seul verre coûte le prix de la maison des jumelles.

En parlant d'elle, j'espère que Jhade va bien, qu'elle grandit bien, qu'elle est heureuse et qu'il ne lui arrive rien de mal. Nous avons détecté une faille dans la Shoukroute il y a une semaine, j'y ai envoyé une équipe qui est revenue avec un bout de papier où il était écrit à l'encre verte « Test ». Je te jure, j'ai reconnu l'écriture d'Aerylia, si elle a trouvé un moyen de communiquer avec notre monde, je pourrais bientôt savoir si Kalishaely va bien ou non.

J'ai mille et une inquiétude en tête, au sujet de notre fille, de mon avenir à la cour, et de ce que je vais devenir. Les Shuligans me manquent et ça ne fait même pas deux mois que je suis partie, tu me manques.

Savais-tu que le méryde à l'honneur, aujourd'hui était celui de la complicité ? Pile le jour où je me décide enfin à prendre ma plume pour donner de mes nouvelles, ce Méryde là pointe son nez également. Je trouve ça d'une ironie...

Comment vas-tu ?

Beryael. »

***

« 16 Octolliard 644

Ca ne peut pas être vrai, je t'en supplie réponds moi, dis moi qu'il n'est pas mort. Mes Charognes ne se trompent jamais, mais j'ai l'espoir que pour une fois elles aient tort, ou qu'elles me testent pour voir si je succède comme il se le doit à Jarod.

Je peux comprendre que tu n'ais pas trouvé le temps, ou l'envie de répondre à ma précédente lettre, mais je t'en prie Clydhe, juste un mot, juste Oui ou Non.

Je souffre déjà tellement de tout ce qui se passe dans ma vie et que je ne contrôle pas, j'aimerais au moins contrôler mon deuil, tant que je n'aurais pas eu de réponse de ta part, je refuserais de croire à la mort d'Ab', s'il te plaît...
Beryael. »

***

« 14 Descendre 644

Cher Clydhe,

Tu n'as pas daigné répondre à mes précédentes lettres, mais t'écrire m'apaise, du moment que je ne reçois pas de menaces de mort de ta part, je continuerais. Si ça te dérange mais que tu ne souhaites pas m'arrêter, tant pis.

C'est officiel, je suis nommée Dauphine, je suis à présent l'héritière du Royaume des Eleveurs d'Otomaï. Alors que je me trouvais dans la bibliothèque du palais, un garde est arrivé et m'a annoncé la nouvelle, Estie n'est pas souffrante, elle est mourrante. L'île dont elle vient est introuvable depuis cinq ans, et c'est le seul remède connu à ses maux. Cela fait depuis la disparition de ma mère adoptive que je recherche où cette île a bien pu passer, une terre entière ne peut pas disparaître en un claquement de doigt tout de même ? Force est de constater que si, que j'ai perdu ma mère à jamais, sa soeur, ma tante a disparu de notre monde, et ma troisième tante s'apprête à mourir. Je n'aurais bientôt plus de famille.

Si ce n'est Jhade, si ce n'est Elywen, si ce n'est Kalishaely, dont on a toujours aucune trace, aucune nouvelle, si ce n'est Malani, qui a disparu également, mais grâce à mes Charognes, j'ai appris qu'elle avait été embauché dans une boulangerie Bontarienne, cela lui va si bien...

Dorénavant je ne dois plus tenir un aspect extérieur d'héritière, je dois avoir le mental d'une Reine, et visiblement régner sur les Charognes n'en fait pas de moi une. Mes charognes m'ont d'ailleurs appris que cet indigne d'Allister se réjouissait de la mort d'Estie avant l'heure, évidemment, ce traître a renié tout ses liens avec notre royaume sitôt qu'il a appris que j'y possédais un titre.

Si tu savais ce que c'était le regard de tout ces nobles sur moi dès qu'il y a au palais une réception, ou un bal. Ils ne comprennent pas, et moi non plus. Comment j'ai fais pour me retrouver là ?

Plus que jamais j'ai envie de vous revoir, j'ai réussi à négocier, je pourrais passer quelques semaines au continent à la fin du mois, et au début de Javian. J'aurais beaucoup à faire, mais j'espère quand même te croiser. Rien que t'entendre m'insulter me permettrait de tenir le coup pour ce qu'il m'attends après.

Comment vas-tu ? Comment se porte Jhade ?

Beryael. »

***

« 26 Javian 645

Cher Clydhe,

Je te souhaite une bonne année.

Comme je m'en doutais, nous ne nous sommes pas vus pendant mon bref séjour au continent, mais ce n'est pas grave, j'ai au moins pu voir Gotthyka, ça m'aura un peu motivé à tenir le coup.

Peu après ma précédente lettre j'ai commencé les cours de bonnes manières, d'histoire de la politique du monde des douze, et de savoir vivre. Bon sang, c'est une horreur, on m'apprends à devenir exactement ce que je déteste. On m'a présenté aujourd'hui le conseiller Kain, qui s'occupera de mon apprentissage dorénavant. La première chose qu'il a fait en me voyant fut de remarquer que j'avais perdu l'habitude de rentrer mes canines dans mes gencives. « Madame, dorénavant vous êtes une Reine » et il m'a frappé. Je te jure, il m'a frappé, pour que je redresse mon menton, me courbe davantage, mette les épaules en arrière et que je rentre mon ventre. Toute la journée, dès que je m'affaissais juste un peu, il me frappait. Si tu avais la possibilité d'apprendre quelle est la manière diplomatique de tuer un membre de la cour, je t'en serais redevable, visiblement on peut m'apprendre dans quel sens utiliser mes couverts (de l'extérieur à l'intérieur si ça t'intéresse), mais pas ça.

J'ai ordonné que l'on double les efforts pour retrouver Aerylia et Kalishaely, et figure toi qu'en dessous d'une légère fissure dans la Shoukroute qui s'est refermée juste après, on a trouvé une lettre de ma tante. Ils ont trouvé un moyen de communiquer avec nous... En temps normal, j'aurais pensé à quel point ça allait être merveilleux pour savoir à quoi ressemble ces mondes parralèle au notre. Là ma seule pensée allait à mes retrouvailles avec ma fille, et au fait que j'allais pouvoir rentrer à la maison...

Tu n'as toujours pas l'air décidé de me répondre, mais tant pis.

Comment va Jhade ? Comment vas-tu ?

Beryael.»

***

« 27 Javian 645

Cher Clydhe,

Je n'ose pas t'écrire ce que le conseiller Kain vient de m'apprendre. Mais j'ai quand même besoin d'en parler, même indirectement. Quoi qu'il arrive, n'oublie pas la Beryael que j'ai été. Je t'en supplie, n'oublie pas.

Beryael. »

***

« 4 Fraouctor 645

Cher Clydhe,

Je travaille dans les champs. Visiblement la première partie de l'éducation d'une héritière se concentre sur la diplomatie, le savoir et la superficialité, mais depuis deux semaines, le conseiller Kain me traîne dans les champs, me met une faux dans la main, et m'apprends à être une paysanne. La seconde partie est l'apprentissage de la modestie, et de la connaissance de la vie des plus modestes.

Je travaille en plein soleil toute la journée, et peu importe que je sois une vampire ou non selon Kain. « Une Reine est une Reine, si vous ne vouliez pas être héritière, pourquoi avoir été anoblie ? ». Je ne lui ai même pas répondu. Je le déteste, je le hais, j'aimerais tous les voir morts, mais il me suffit de rendre visite à ma tante pour de nouveau retrouver le courage de continuer. Je dois bien ça à ma famille.

Je leur dois bien de tout abandonner, et surtout mon passé...

J'ai oublié de te joindre la lettre d'Aerylia la dernière fois, bonne lecture à toi, j'espère que ça t'intéresse un peu. Tu jugeras par toi même du contenu.

Comment va Jhade ?

Beryael. »

« Qui que vous soyez, si vous tombez sur cette lettre, emmenez la directement au Royaume des Eleveurs d'Otomaï, ils vous paieront comme il se le doit.

Bery',

J'ai tellement de chose à te raconter, avec Jarod on ne sait pas par quoi commencer ! Si seulement tu pouvais voir ce que l'on voit, découvrir ce que l'on découvre. Mais je ne m'attarderais pas dessus, on ne préfère pas prendre le risque que d'autres que toi ou Estie tombent sur cette lettre. Alors je ne parlerais que de ce qui t'intéresse de toute façon.

Kalishaely va bien. Elle se porte à merveille même, cette gamine est tellement éveillée et curieuse de tout, elle me rappelle toi quand on s'est rencontré. Tu te souviens ? T'étais en pleine amnésie à l'époque, et tu te prennais pour une gosse de six ans, t'as bien changé depuis. Elle réclame souvent sa soeur, son père, toi, mais je crois qu'elle commence à comprendre le danger que c'était de la laisser là-bas. (Sérieusement, quand on est pas fait pour être parent, on ne le devient pas, inconscients).

Bon cette lettre est un second test, je t'en dirais plus si on voit que c'est concluant. (Les Charognes sont partout et savent reconnaître leur véritable souverrain, j'espère que tu comprendras).

Ae', Jarod (Ecriture enfantine) Kali. »

***

« 25 Fraouctor 644

Cher Clydhe,

Après le travail au champs, me voilà à devoir travailler comme boulangère. Comme quoi, je dois apprendre à nourir mon peuple. Je m'attendais à des cours de gestion économique, et commerciale à ce sujet, mais non, le conseiller Kain est un farfelu qui a décidé qu'après m'avoir fait travailler comme paysanne, j'allais devoir apprendre à faire du pain. Je passe donc ma journée dans la cuisine du palais, à faire plus de pain qu'il n'en faut, pour nourir les nobles. Tu te rends compte ? Je suis peut-être la future reine de ce royaume, et je me dois de nourir ces fainéants de bourgeois...

Je ne devrais pas te parler de ça, mais quelle est la raison de ton silence ? Qu'est-ce-que j'ai fais de mal ? Je ne te demande pas une longue lettre pour me raconter ta vie, juste un signe de vie, quelque chose, peu importe... J'ai envie d'avoir des nouvelles de Jhade et de toi. Est-ce-que tout va bien ?

Désolé, je viens de relire ma lettre, je suis ridicule, je rentre épuisée des cuisines chaque soir pour juste dormir, je suis constamment épuisée et je suppose que ça joue sur mes nerfs. Je suis constamment déprimée, je ne trouve pas d'autre terme, et encore, déprimée c'est bien trop fort, je suis plutôt vidée. Faire à manger toute la journée dans le silence, me laisse le temps de bien trop réfléchir, à beaucoup trop de choses, au passée, au présent, à l'avenir. S'il te plaît, oublie le dernier paragraphe, c'était une erreur.

Comment va Jhade ?

Beryael. »

***

« 12 Martalo 645

Cher Clydhe,

J'ai enfin compris où voulait en venir le conseiller Kain, cet homme est un génie. C'est assez compliqué à expliquer étant donné que je ne t'ai raconté qu'une infime partie de son enseignement, mais pour résumer, ce qui compte, c'est d'être ce que les gens veulent voir de toi. C'est un bien piètre résumé que je te fais là, mais je ne vois pas comment le formuler autrement.

Nous avons reçu une seconde lettre d'Aerylia et de Jarod, je te la joins bien évidemment.

J'ai l'impression de ne pas être venue depuis des siècles sur le continent pour faire autre chose que diriger un conseil des Charognes. J'ai envie de redevenir celle que j'étais ne serait-ce que l'espace d'une journée. Traquer impitoyablement une seule et même personne, voir la terreur et la psychose s'emparer d'elle, pour finalement l'achever et m'abreuver de son sang encore amer de sa peur. Je veux pouvoir passer toute une journée totalement nue dans mon lit à lire mille et un livre en fumant mille et une cigarette et en enchaînant les verres de vin. Je veux ne rien faire, et juste profiter de ma non-vie, et de ce qui m'entoure. J'ai envie d'être libre à nouveau...

Mais je doute que ça n'arrive avant longtemps...

Comment va Jhade ?

Beryael. »

***

« 2 Aperiel 645

Cher Clydhe,

J'étais effrayée de ne pas rentrer sur le continent avant longtemps, finalement, ce serait plus tôt que prévu, le temps que je prépare mes valises, le trajet du bateau, disons que je serais de retour dans quatre jours.

Il est hors de question que je passe un jour de plus là-bas, si tu savais Clydhe, si tu savais... Bon sang, si tu avais ne serait-ce qu'une seule petite idée de ce que je viens de faire pour... Moi.

Beryael.»

par **Beryael** Mar 5 Mai 2015 - 5:42

Chapitre 3

Beryael était méconnaissable, n'importe qui la connaissant un minimum n'aurait jamais pu se douter que la jeune fille qui se trouvait allongée dans la grande étendue d'herbe qui longeait le palais était en réalité la reine des Charognes. Une grande robe blanche recouvrait son corps, ses cheveux rouges habituellement sobrement coiffés de manière à ne pas être gênée en combat avaient été sophistiquement noués et tressées. Au lieu de feuilles et de brindilles qui se trouvaient dans sa crinière après de longues journées à combattre se tenaient des perles et des bijoux. Son visage était maquillé à la perfection, et vu les bijoux en or qui sertissaient sa poitrine, ses poignets et ses doigts, elle avait tout de la parfaite Duchesse. Seule la cicatrice barrant son œil et une partie de son visage faisait état de son ancienne vie.

La jeune femme avait les yeux clos tandis qu'à ses côtés, un homme visiblement tout aussi noble qu'elle jouait de la guitare en posant un regard amoureux sur elle. Une douce balade qui emmenait la vampire au pays des réflexions. Pensées qui la menait droit à la plénitude dans laquelle elle était plongée depuis peu. Depuis que Kalios, prince sufokien de son état, était tombé amoureux d'elle. Depuis que le conseiller Kain lui avait annoncé que pour fortifier son ascension prochaine, un mariage avait été organisé entre elle et ce prince. Bon à vrai dire, ce moment était un douloureux souvenir, mais quand elle avait rencontré l'homme qu'elle était destinée à épouser, Beryael avait été surprise de découvrir un jeune homme des plus charmants.

Car il n'y avait pas d'autres termes pour décrire Kalios. Il avait réussi à le charmer malgré son côté niais, maladroit, propret... Sans savoir comment il s'y était pris, elle avait commencé à reprendre des couleurs, ça avait commencé par un sourire à l'attention du prince quand lors d'une réception il avait trébuché en voulant s'avancer pour lui demander une danse. Puis un rire quand le jeune homme lui avait raconté la fois où il avait fait tomber un dirigeant d'élite d'une troupe sufokienne d'un bateau. C'était sans doute ce côté gentillet qui avait su séduire la vampire.

Alors Beryael profitait, elle écoutait la mélodie qu'il jouait en imaginant la vie qu'elle pouvait désormais avoir. Se marier avec Kalios, évidemment elle serait obligée d'offrir un héritier à la cour, et devrait avoir un fils parmis toutes ses filles déjà nées, avoir le choix d'emménager dans la grande résidence dans laquelle il vivait, ou bien le faire venir au palais. Elles pourraient passer ses journées à lire, ou à traîner sous la couette avec un homme qui l'aimerait sans relâche. Une fois Jarod et Aerylia retrouvés, elle rendrait ses Charognes à l'un et laisserait la seconde diriger le royaume, en se contentant d'avoir le titre de Reine pour faciliter la vie de sa tante. De temps en temps ils iraient en vacances à Pandala, prenant pour demeure l'ambassade l'espace d'une semaine où ils pourraient se balader dans la forêt. Et parfois elle lui ferait découvrir son ancienne vie, elle lui apprendrait à chasser, à traquer. Elle le rendrait un peu plus sauvage, et il la rendrait plus normale au contraire. Elle achèterait une grande maison à Brâkmar, pour pouvoir continuer à vivre dans l'obscurité et la moisissure humaine histoire de ne pas perdre la tête au milieu de toutes cette noblesse. Evidemment elle suivrait les Shuligans, mais de loin, et fêterait avec tout son peuple leur victoire sur Allister.

Les Shuligans...
Allister...
La moisissure humaine...
Sauvage...

Elle ferait venir Jhade le plus souvent possible à Otomaï ou peu importe où du moment que sa fille pouvait venir. Elle pourrait également couvrir d'or et de cadeaux Elywen, dont on ne savait qui de Bery' ou de Baal elle avait pu tirer une telle avarice. Avec discrétion toujours, elle offrirait à la nouvelle incarnation de Yaelerynda une vie de rêve. Elle enverrait d'ailleurs des hommes liquider la Main Noire pour venger son âme soeur tuée précocement.

La Main Noire...
Vengeance...

Chaque matin elle se lèverait tôt pour profiter de l'aube et du soleil pas encore levé pour préparer un petit déjeuner surprise à Kalios. Ce dernier, ne pouvant prétendre au titre d'héritier en épousant une Reine qui fut criminelle profitera de sa liberté, et rien ne comblera plus Beryael que de le voir heureux et savourer une vie dont il avait toujours rêvé.

Mais qu'est-ce-que Malizyne et Ayaneleys deviendraient sans la femme dont elles ont confié leurs vies ?
Liberté...

Beryael se redressa soudainement, une lueur paniquée dans son regard, et les traits soudainement plus tendus. Elle jeta un regard à Kalios qui n'avait pas cessé de jouer de sa guitare et l'observa longuement. Voulait-elle réellement cette vie dénuée de complications, sans aucun drame romantique à l'horizon, sans guerres entre criminels, sans aucun bain de sang, sans passer son temps à s'inquiéter de tout et de rien, à gérer mille et une chose à la fois ? La réponse était évidente, elle rêvait de cette vie, depuis qu'elle avait acquis un minimum de maturité, elle rêvait enfin de faire fis de son passé. Mais elle n'avait jamais vécu dans la tranquillité et le calme au quotidien. Non, évidemment que non... Le conseiller Kain lui avait souvent dit « On ne peut pas avoir tout ce qu'on veut dans la vie », là c'était différent, elle ne devait pas avoir ce qu'elle souhaitait. Du moins pas maintenant, pas avec lui, pas ici... Elle avait écrit dans une lettre à Clydhe « N'oublie pas la Beryael que tu as connu ». Mais c'était elle qui avait oublié qui elle était réellement... Elle regarda à nouveau l'homme qu'il lui semblait aimer et baissa finalement les yeux.

Soudain la duchesse du Royaume des Eleveurs d'Otomaï prit conscience que depuis Javian elle se mentait à elle-même.
Soudain Beryael Nis'Hintar ouvrit les yeux, et décida de continuer de dédier sa vie aux drames et aux ennuis.

par **Beryael** Sam 9 Mai 2015 - 17:26

Chapitre 4

Un baiser.
Si doux et à la fois si passionné, comme l'accomplissement de quelque chose attendu de puis longtemps, depuis tant d'années...
Une main qui effleure, une caresse, des vêtements qui glissent au sol après avoir perdu à un jeu.
Et puis les esprits qui ne sont plus très clair après avoir bu, une envie de l'autre, le besoin d'échapper à un quotidien bien trop mouvementé.
Les souvenirs des évènements récents qui s'effacent, un gémissement dans la nuit.
Enfin, la question, la réponse, la redescente sur terre, l'incompréhension. Puis la fuite.
La fin.

***

Un baiser.
Des retrouvailles amères au pays de la complication.
La sauvagerie et la haine. La fougue et l'amour.
Et quand il croit avoir retrouvé sa place, la déchéance, la fin d'une ère.
Les sourires de la succube quand elle le voit descendre de son nuage, réalisant qu'il vient de se faire avoir.
Puis les barreaux, l'emprisonnement.
La fin.

***

Un baiser.
Le cercle fourbe et sans fin de l'amour dénué de sens.
Les rêves couleur pastel d'une enfant.
L'oubli du passé, et des trahisons lointaines, celles d'une autre vie bien ancienne.
Et les révélations qui font mal aux lèvres mais ramènent une vague de chaleur dans les oreilles et le coeur.
La fin, le début, le milieu, les prolongations, aucune notion de temps ou de réalité.
Juste le besoin d'encore s'embraser.

par **Beryael** Sam 8 Aoû 2015 - 5:02

kassdediàbastien

Chapitre 5

« Ma reine, murmura un homme en s'inclinant.»

Beryael ne fit rien et se taira dans l'immobilité, à force elle avait appris que pour tenir les Charognes en laisse, il fallait être impitoyable avec eux, ils semblaient apprécier. Elle ne semblait porter qu'un large manteau dont la longueur faisait qu'il traînait largement sur le sol, et bien évidemment son diadème fait d'ossement de Reine des Charognes. La porte devant laquelle elle se tenait grinça avant de s'ouvrir lentement dans un vacarme de rouages que l'on dérange. La vampire put enfin avancer vers son objectif, suivit de près par Malizyne toujours aussi fidèle à elle. Elles arrivèrent à une nouvelle porte cette fois-ci dénuée de garde, après un regard et un hochement de tête, la sorcière accompagnant Bery' s'écrasa au sol sans motif apparent.

Et l'instant d'après le regard vermeil de la vampire se teinta de nuances vertes et une aura quasiment translucide l'entoura. Sa bouche s'entre ouvrit et un langage inconnu vint agiter ses cordes vocales, puis elle sembla revenir à la normale comme si rien ne s'était passé, seul le corps toujours inanimé de Malizyne était la preuve de ce qui venait d'arriver. Répétant le même schéma qu'avant, la porte s'ouvrit pour laisser place non pas à un nouveau couloir mais à une petite pièce dont les murs n'étaient pas constitués de roche taillée comme le reste de l'endroit mais d'une matière qui était certainement magique, et d'un bleu léger presque blanc. Au fond de la pièce, un homme était assis contre un mur, un large sourire s'étira quand il aperçut la jeune femme dans l'entrée.

« Ta dernière visite datait Beryael, je commençais presque à trouver le temps long... »

La reine ne répondit pas et se contenta de détacher l'accroche de son manteau pour découvrir son corps totalement nu en dessous. Le sourire de Jarod s'agrandit en comprenant les raisons de la visite de celle qui le retenait captif. Un court moment après Beryael était plaquée contre l'un des murs qui semblait brûler sa peau et sa gorge était prise d'assaut par les mains du vampire.

« -Qu'est-ce-qui te fais croire que tu obtiendras ce que tu veux ?
-Vous finissez tous par céder à mes caprices... »

En un coup de pied dans le ventre du vampire, elle l'envoya valser contre le mur opposé et tout en conservant son calme habituel, elle s'avança lentement vers lui, s'agenouilla ensuite et se pencha pour lui murmurer à l'oreille.

« Et puis ce n'est pas comme si tu étais en quelconque position de me refuser quoi que ce soit. »

Le regard de l'homme s'assombrit, comme si de l'amusement il était soudain passé à une haine glacial envers elle. Cela faisait maintenant trois mois que Jarod était de retour dans l'univers régit par Jiva et trois mois que Beryael le retenait prisonnier. A son retour, l'homme ne s'attendait pas à un chaleureux accueil, mais certainement pas à ce que la vampire profite de sa faiblesse passagère dû au voyage dimensionnel pour l'emprisonner à l'intérieur même de la cour des Charognes dont il avait été pendant plusieurs siècles le souverain. A croire que derrière ce visage impassible, se trouvait un cerveau compliqué et bien plus manipulateur qu'avant.

« Et tes petits amis sont-ils au courant de ta folie nouvellement acquise ? »

Le sourire dérangé qui s'étira sur les lèvres de la métisse lui suffit en guise de réponse, il n'avait pas besoin de plus, mais elle ajouta cependant :

« -Mais voyons, quelle folie ? Je n'ai jamais été aussi saine d'esprit qu'aujourd'hui...
-Vraiment ? J'ai cru comprendre qu'il était compliqué d'accéder à ma prison, et tu viens de te donner cette peine uniquement pour baiser.
-Et ça te dérange ?
-Loin de là beauté, ne te méprends pas...
-Je préfère. »

Sûrement lassée de papoter, Beryael posa ses lèvres contre le cou du vampire, visiblement ravi de voir tout le mal qu'elle se donnait uniquement pour quelques orgasmes en sa compagnie. Mais il se rendit compte rapidement qu'en effet c'était tout de même étrange qu'elle traverse les deux étages qui séparaient la prison de la cour des Charognes, sans compter les longs couloirs, toutes les portes à ouvrir de différentes façon.... Ce n'est qu'en sentant deux canines se planter dans son cou qu'il réalisé à quel point il avait été idiot de penser que sa visite n'avait aucune arrière pensée. En essayant de la repousser, il se surprit à ne pas pouvoir bouger, la sorcière à l'entrée de la pièce dont les yeux verts semblaient briller de mille feux le mit sur la piste de la raison de sa paralysie soudaine.

Après plusieurs longues minutes, la reine se releva, partiellement couverte de sang, pour se recouvrir de son manteau. En même temps qu'elle se rhabillait et essayait de se recoiffer, elle décida de fournir quelques explications à son prisonnier.

« Vois-tu Jarod, j'ai le pouvoir, je suis une reine, même si mon titre de duchesse est remis en question à cause de mon procès, je gouverne à la fois dans l'obscurité et à la clarté du jour. Mais il manque quelque chose à mon ambition peut-être trop importante, du challenge. Comme je te l'ai dis je finis toujours par avoir tout ce que je veux avec une facilité déconcertante. Je me suis dis que pour pimenter les choses, j'allais essayé de découvrir un moyen de canaliser les pouvoirs paranormaux de nos semblables comme des miens. »

Alors qu'elle finissait de s'appliquer une couche d'un sombre rouge à lèvre que Malizyne lui avait tendu, elle se retourna vers l'homme toujours paralyser dont on pouvait lire dans le regard toute la rage, la haine, et en même temps l'amour que lui inspirait la jeune femme.

« Félicitation chéri, tu viens de passer de prisonnier à sujet d'expérimentation, je te remercie pour ton sang et te suggère la prochaine fois d'éviter de penser que je suis incapable de contrôler mes hormones... »

Sur ces mots, Beryael s'en alla avec le même calme avec lequel elle était arrivée, laissant seule Jarod presque vidé de son sang, et reprenant au fur et à mesure que la sorcière s'éloignait le contrôle de son corps.

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