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[Background Alizarine] : L'on ne joue qu'avec le feu

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Message par Alizarine Dim 5 Juil 2015 - 20:50

La lune était proche de son nouveau cycle, elle ne ressemblait plus qu'à un mince trait de plume doré dans une mare d'encre. La nuit était sombre et bien avancée mais les bruits de la fête du Château continuaient d'inonder les alentours. On disait au village que le Roi fêtait la paix dont son règne avait été l'orfèvre, la paix entre les sœurs ennemies Brakmar et Bonta. Après des années de guerre et d'assassinats politiques, le grand roi Allister avait conclu la paix et tout le gratin du continent était de la célébration. Une barde se tenait là également, observant les aristocrates brakmariens au regard aussi rouge que le feu de la colère qui brûlait en eux, les nobles bontariens qui arboraient un sourire de circonstance peinant à dissimuler leur orgueil écorché vif. La paix... Quelle paix ?
Amaknéens et Sufokiens fêtaient dignement le renouveau de leurs cités. Quant aux Astrubiens ! Ces petits bourgeois bouffis de leur discutable importance, étaient reconnaissables au premier coup d’œil. Ils fêtaient bruyamment et avec plus d'enthousiasme que les autres représentants, la signature du traité. La musicienne sentit une main glisser entre ses reins et lui peloter généreusement la fesse.

- Allez, ma belle ! Bois au traité de l'Alliance. Amuse-toi !
La voix du marquis...Un noble de Sufokia aussi éméché que cavaleur, il aurait dilapidé sa fortune en prostituées si son épouse ne veillait pas au grain, un homme qui détestait la timidité et les madones. Il lui tendait une coupe qu'elle accepta rougissante, fuyant son regard, balbutiant des remerciements juste assez convaincants pour qu'il jette son dévolu sur une autre.
- Le traité DES Alliances, misérable connard..., siffla-t-elle entre ses dents avant de vider sa coupe d'une traite.
Les Alliances, un joli mot choisi avec soin par Makia Vhel. Ce mot résumait tout le talent de la conseillère royale. Elle avait réussi à amputer de leur pouvoir les cités blanche et rouge sans qu'elles ne se rebiffent. Elle avait réussi à bâtir un système où les guerriers seraient tous des mercenaires, où ils se battraient obligatoirement par cupidité et non plus, pour l'honneur ou l'idéologie. Et ils avaient tous signé et en plus de cela, ils le fêtaient. Ruby admirait la manœuvre et elle aurait sûrement admiré la femme si la conseillère ne l'avait fait pour une raison aussi futile que le pouvoir. La jeune femme sortit prendre l'air sur la terrasse qui menait aux jardins du Château d'Amakna. L'air était froid et les personnes dehors, rares. La respiration de chacun formait des volutes de fumée pourtant Ruby n'avait pas froid, elle n'avait jamais froid. Son regard se perdit dans le vague fixant la constellation du Kilibriss sans vraiment la voir, elle était ailleurs, elle était loin, elle était jeune et seule..

Ruby était recroquevillée dans un coin de la pièce, elle pleurait à cause de la douleur qui lui tenaillait les cuisses mais aussi de colère. C’était injuste ! C’est lui qui avait commencé, c’est lui qui l’avait insultée, elle n’avait fait que se défendre. Mais c’est elle qu’on punissait parce qu’elle avait brûlé un de ses petits camarades de jeu devant l’orphelinat d’Amakna. « Fille de Rushu » qu’il l’avait appelé. Elle venait juste de s’habituer à « Sorcière » que ces petits merdeux lui trouvaient un autre surnom. C’est le problème quand on est rousse, les superstitions ont la vie belle. La gamine était douce et calme d’ordinaire mais cette fois-ci, elle avait craqué. La colère l'avait submergé, elle la sentit enfler. La « porte » (c’est le terme qu’elle utilisait pour expliquer son pouvoir) vibrait et grondait, prête à céder au moindre signe de faiblesse.
- Arrête ! Arrête !, le suppliait-elle.
Elle plaqua ses mains contre ses oreilles, ferma les yeux, elle devait s’isoler à tout prix. Mais fort de son impact et du soutien de ses copains, le garçon continua. Il lui prit les poignets et lui écarta pour qu’elle ne puisse que l’entendre.
-Tais-toi !, lui hurlait-elle de sa voix fluette.
Tout le désespoir et la peur de la petite fille transparaissait dans sa voix, mais ce n’était pas de l’adolescent qu’elle avait peur. Elle cédait, elle sentait qu’elle perdait le contrôle.
- Me taire ? Oh, mais… Tu vas pleurer ? Appeler ta mère peut-être ? Ah bah non, tu n’en as pas. Elle t’a abandonnée quand elle a su que c’est Rushu qui l’avait engrossée.
Malgré toute la cruauté dont les enfants peuvent faire preuve, un des copains du bourreau intervint. Il lui dit de se calmer, que ce n’était qu’une gamine et qu’il n’avait pas à s’acharner comme ça, mais il ne l’écoutait pas. Il lâcha les poignets de l’enfant et se recula d’un pas. Ruby le regardait droit dans les yeux, les bras le long du corps. La pression de ses poings fit blanchir les jointures de ses doigts. Pourtant la fillette semblait calme, plus de sanglots ou de hurlements.
- Si tu ne fermes pas ta grande gueule, je te tuerai…
Sa voix claqua dans l’air comme une lanière de cuir. Ce n’était pas la voix d’une fillette de 7 ans, elle semblait posée et plus adulte. L’adolescent marqua une pause, réellement surpris par le changement brutal d’attitude. Puis, le fou rire le prit. Une orpheline qui avait la moitié de son âge, venait de le menacer ? Lui ? Il allait lui coller une gifle et lui rappeler douloureusement sa place quand une main lui saisit le cou et Ruby lui montra de quoi elle était vraiment capable… Le feu lécha le visage du jeune homme et ses cris remplacèrent bien vite les moqueries.
Le surveillant l’arrêta avant qu’elle ne tue cet imbécile. S’il ne mourrait sûrement pas de la brûlure, il traînerait une moitié de visage déformée pour le restant de ses jours. Quand à Ruby, elle était recluse avec un repas insipide par jour et des coups de baguettes derrière les cuisses au même rythme. La peau fine avait cédé depuis un moment sous le bois souple, et laissait place à la douleur lancinante de la chair à vif. Grâce à la qualité des soins prodigués, elle garderait chaque cicatrice comme un souvenir… Un souvenir de son premier pas vers la folie, mais elle ne le savait pas encore. D’ailleurs, personne n’aurait pu savoir.
Dans la pénombre, au milieu des nuits qu’elle passait seule dans sa prison infantile, elle faisait danser une flamme au creux de ses mains en coupe. Ruby se doutait que quelque chose n’allait pas, elle aurait dû se sentir coupable. La société et son éducation voulaient cela, mais rien… Pas l’ombre d’un remord. Quand elle se remémorait l’incident : elle voyait la peau se flétrir sous ses doigts, elle entendait les cris, elle se sentait forte, entière, et un autre sentiment qui lui était inconnu encore. Comment aurait-il pu en être autrement ? Elle était si jeune. Elle découvrirait la nature de ce sentiment des années plus tard, dans les bras d’un homme : ce qu’elle avait ressenti en défigurant ce gamin était une forme de jouissance.
La punition avait duré ce qui semblait une éternité à l’enfant. Elle accepta de ne plus faire appel à son pouvoir pour l’écourter. Elle put enfin rejoindre sa chambre et ses amies. Elle boitillait à cause des douleurs, mais malgré cela, elle était heureuse et un sourire épanoui s’installa à demeure sur son visage. Elle ne s’était pas préparée à l’accueil qui l’attendait. La gamine s'attendait aux joies des retrouvailles, ses amies sautant de joie ou se précipitant dans ses bras, passer des heures à papoter comme avant l’incident mais ce sont le froid et la méfiance qui l’accueillirent. Et il n’y eut plus que cela les années qui suivirent. Si les enfants ont une tendance rapide à l’oubli, ce n’est plus le cas quand un monstre rôde dans l'entourage et le monstre, c'était elle.
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