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[BG Yenepha] L'enfant du Dormeur.

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Message par Yenepha Lun 1 Juin 2015 - 17:54

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• Introduction




Des pages arrachées, froissées, le témoignage d'une femme fatiguée, la tête pleine de ces souvenirs, de cette petite Yenepha.



An 640 – C'est le début du mois de la Lyre, l'équivalent de fin Javian. Une enfant aux cheveux roux et hirsutes trempe ses mains dans un petit pot de terre cuite remplit de couleurs et se barbouille le visage en riant.


« Regarde Cayran, je suis une guerrière qui brille ! »


Le vieux précepteur, mon mari, sourit et retourne à son ouvrage. La confection de l'instrument piégé était toujours confiée au disciple de Sram puisque ses longs doigts expérimentés inspiraient confiance. La lyre est de facture simple : Une caisse de résonance en carapace de tortue puis une membrane vibrante en peau de bouftou tendue sur le côté concave avec de petits piquets en os, les cordes en boyau sont fixées au chevalet de roseau. La partie la plus délicate, c'est quand il faut la fourrer de dynamite et c'était ça qu'il préférait.

Le Clan ne possédait qu'une vague notion du temps et les familles se plaisaient à inventer leur propre calendrier, basé sur les méfaits et ouvrages à renouveler.


Nous sommes au-delà de la mer Kantil, outre les terres glacées et les abysses interminables, au sud-ouest de l'île de Mynia. La région était plate, clairsemée d'ajoncs desséchés et de plantes grasses à ras du sol. Ça et là de rares bras d'eau immobiles luisaient faiblement sous un soleil cruel entre de grandes étendues de terre grise et lisse comme de la boue séchée.

Le désert était mortel, trompeur, au moindre faux pas les pellicules de croûte illusoirement solides s'effritaient pour dévoiler bourbiers et sables mouvants si bien que la plupart préféraient se laisser mourir de soif plutôt que d'approcher.

Pour rejoindre la mer il fallait traverser les dunes côtières : Des corps interminables de sable rougeâtre dressés vers le ciel, propices aux histoires de fantômes et aux légendes locales.



L'enfant s'appelait Yenepha et à cette époque, elle avait huit ans. Un petit brin de femme tout en longueur, grande pour son âge. Des pommettes accentuées, un regard en amande vert lichen teinté de quelques tâches plus sombres et un visage aussi fin que celui de sa mère, encadré par une courte tignasse rousse.

Elle était vive, elle était choyée, elle était soigneusement entourée des meilleurs et elle était la fille cadette du couple dirigeant de notre Clan. Yenepha, fille de Liophé morte en couche et d'Harval, jeune sœur et promise de Drahzel. Cela peut sembler curieux mais la famille de sangs purs qu'ils incarnaient était soumise à des traditions strictes et il apparaissait évident que le meilleur mariage possible était le mariage intra-purs.


Très peu porté sur les alliances diplomatiques, le Clan n'était pas là pour s'agrandir mais pour régner sur le désert et nous, nous étions les vampires des dunes.


Je me souviens. Elle décorait ses poignets de perles dorées et ses vêtements de coquillages nacrés. Elle faisait sécher des fleurs sous son oreiller et racontait qu'ainsi ses rêves le lendemain pouvaient se réaliser. Mais sous ses airs de petite princesse rieuse il y avait un quelque chose qui nous forçait au respect, un quelque chose aux relents de secret et pas un ne pouvait lui attribuer de mots mais il était là, palpable.

C'était autre chose que l'évidence de son potentiel, autre chose que la vérité vraie qu'elle était meilleure que ses aînés à l'arc ou qu'elle se déplaçait avec une endurance déconcertante pour son âge.





Et ce quelque chose un jour je l'ai vu...




Okibé - vieillarde du désert.


Dernière édition par Yenepha le Sam 17 Oct 2015 - 19:08, édité 8 fois
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Message par Yenepha Mar 21 Juil 2015 - 15:42

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• Liophé et la folie






An 631 - Avant Yenepha

« Pas enceinte, madame. »

« Et cet héritier Liophé ? »

« Vous savez, la fertilité dans les dunes... »

« Ah.. Charmant bébé oui.. Adopté ? »



Un sursaut, elle se redresse. Des sueurs glacées s'écoulent le long de sa colonne vertébrale et imprègnent la soie de sa nuisette ocre. Ses longs doigts se posent sur ses yeux et elle reste là quelques instants assise dans le noir à faire le vide, à supplier la paix. Le souffle régulier d'Harval endormi près d'elle l'agace au plus haut point. Ses pupilles s'étirent en fines aiguilles et sa vision en un battement de cils s'habitue à l'obscurité. Le visage de son mari respire la tranquillité, la satisfaction et peut-être pire encore, le bonheur. Les muscles de Liophé se tendent et ses crocs la font souffrir tant ils réclament justice. Un soupir, le Chef s'éveille et dans un sourire mielleux il lui demande d'une voix grave pleine de sommeil :


« Tu ne dors pas mon cœur ? »


D'un mouvement gracieux elle écarte le drap de ses jambes dénudées et quitte le lit sans un mot. Non elle ne dort pas. Pas plus que les nuits précédentes, pas plus que les nuits à venir. Une question sotte aux relents de politesse. Et lui, pourquoi dort-il ? C'est cette question-ci qu'il faudrait poser. Elle s'enfonce dans les couloirs déserts d'un pas rapide et ses cheveux roux battent et virevoltent dans son dos en rythme. Elle se retient de hurler et c'est au milieu d'une nuit bien entamée que Liophé à nouveau se lamente.


« Pourquoi dors-tu Harval ? Pourquoi ce calme, pourquoi accepter ou même tolérer ? Ta sœur, femme et partenaire ne te donne pas cet héritier et dans un élan de .. De quoi, de bienveillance ? D'amour soudain ? De pitié ? Tu apportes un bébé et lui offre l'éternité, le plaçant dans mes bras, lui offrant notre nom, m'imposant de l'aimer. Serein tu le regardes grandir et avec les années oublies la vérité, mais moi pas. »


Elle s'arrête devant une porte entrebâillée finement sculptée et ses pupilles vertes teintées de sang fixent le petit garçon assoupi dans son lit. Un peu moins de la dizaine, un physique quelconque, un teint mat propre au désert et des traits que Liophé ne reconnaît pas. L'impureté innocente, impossible pour elle de l'appeler fils, impossible pour elle de le prendre dans ses bras. Il n'est pas d'elle et il symbolise son échec, sa honte. Tout bas sans réprimer son mépris elle répète son nom.


« Drahzel.. »


Des larmes s'écoulent sur ses joues et une douleur familière lui prend la gorge et étouffe son cœur. Elle suffoque et s'écarte de la chambre de l'enfant pour ne pas le réveiller. De l'air, il lui faut de l'air. Liophé reprend sa traversée, une porte, des arcades, une autre porte et enfin l'extérieur. Elle s'arrête devant le palais de la famille dirigeante qui est la sienne et contemple les maisons des vampyres couvertes d'un sable agité. Le vent souffle, il emporte avec lui des pans de dunes et griffe le visage de la belle d'une gifle brûlante. Elle s'en moque. Elle bascule sa tête en arrière et se permet enfin de hurler, qu'importe que son peuple entende ses cris, qu'importe tout, si la terre est sourde à ses peines elle regardera le ciel.


Sa voix tremble et il lui faut faire un effort pour articuler sa question.


« Pourquoi... ? De toutes ces femmes qui s'étendent à mes pieds tu pouvais choisir, cueillir et abattre ton malheur sans que je ne vienne m'en indigner.. Mais tu t'es aussi tourné vers notre pureté et tu condamnes la lignée... Mon sang ! Le sang qui règne sur cette île et protège ta demeure ! Pourquoi me faire ça à moi AZROTHAR !? »

Son visage se tord et ce ne sont plus quelques larmes mais un profond sanglot qui soulève sa poitrine et trempe ses mèches de cheveux collées. Des sillons translucides sur ses joues, son regard accuse et ses mots cognent.


« Je n'élèverai pas ce fils d'humain ! Je n'aimerai pas ce corps qui ne vient pas du mien ! Si tu ne m'accordes pas la chance d'être mère je soulèverai les armées et dans une rage aveugle je fracasserai mes hommes sur tes bâtisses et graverai ma rancœur dans tes murs ! SI LE MAL DU DÉSERT EST RÉEL, QU'IL ENTENDE MON APPEL ! J'embraserai chaque grain de sable de cette île et j'étendrai ma folie au-delà des côtes, au-delà des mers, tu seras maître d'une île dévastée au cœur de ta cité souillée ! Souillée du sang des vampyres ! Tes enfants ! Pour MON enfant ! »


Elle tourne son regard vers le centre de l'île où une forêt improbable et luxuriante s'étend. Une flore défiant toute logique, une jungle interdite à tous, renfermant en elle la demeure de Celui auquel on croit sans le dire. Elle a de la fièvre, sa vue se brouille et le vent souffle de plus belle en guise de réponse. Son vêtement de nuit se déchire et sa peau se lacère mais elle poursuit.


« JE TE DÉFIE ! »


Dernière édition par Yenepha le Sam 17 Oct 2015 - 21:55, édité 3 fois
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Message par Yenepha Ven 24 Juil 2015 - 3:05

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• Le Mal du désert.





Ses protestations s'éternisaient et les plus sages d'entre nous avaient fermé leurs volets, restant sourds aux blasphèmes de la Reine. Les plus effrayés eux, ils priaient. Ils priaient pour que tout s'arrête, qu'elle se taise, ils priaient pour que le Mal n'entende pas...



Un pan du rideau écarté, l'enfant du haut de la fenêtre de sa chambre suit des yeux la marche de Liophé. Elle a cessé de pousser ses cris qui l'avaient tiré du lit et sans rien à ses pieds elle s'enfonçait dans le désert encore endormi. Des accusations qu'il ne comprend pas, une légitimité qui à ses jeunes yeux ne signifie que peu et pourtant il le sait, cette femme ne l'a jamais aimé. Son petit poing se referme et nerveusement il se met à mâchonner l'ongle de son pouce. Elle avance inexorablement contre un vent déchaîné qu'elle ne semble pas sentir. Une forme indéfinie à peine éclairée par la lune qui insiste, poursuit, conduite par un caprice dangereux.


« Est-ce que je dois réveiller père... ? »


Témoin de cette folie Drahzel se noie dans le doute quant à la marche à suivre. Les pas de la Reine étaient dirigés vers la forêt et un vampyre qui franchit cette limite est un vampyre condamné à mort. C'était connu, c'était écrit, pourquoi ne s'arrêtait-elle pas ? Elle connaissait la loi, cette règle qui remontait à si loin. Taire son affront ou avertir Harval ?

Plusieurs fois il se retourne vers l'entrée de sa chambre inquiet de ne plus y être seul, mais personne.


« C'est interdit.. C'est interdit.. Arrête Liophé ! »


Il plaque ses mains à plat contre la vitre et son nez rejoint celui de son reflet. Un nuage de buée s'y dépose, la voix ne porte pas. Il tambourine mais rien n'y fait. Drahzel tourne alors les talons.



Quelques gestes précipités, l'enfant s'habille avec hâte et garde à la ceinture une courte épée finement travaillée. Un cadeau d'Harval, c'était pour lui qu'il faisait ça. Un élan de courage, ses lèvres s'étirent peu à peu en un fin sourire et doucement la certitude de faire la seule chose à faire prend place. Non il ne demanderait pas à son père adoptif de choisir entre elle et son devoir, il la ramènerait et personne jamais n'en saura rien.


Il s'approche résolument de sa porte puis s'arrête. Aucun mouvement, figé. Sa respiration s'accélère et les flammes des bougies sur sa table de chevet se mettent à tournoyer comme affolées. Les ombres du mobilier dansent et l'évidence est là, pesante, quelque chose l'observe dans son dos. Drahzel n'est pas un enfant taillé pour la bataille, Drahzel au grand désespoir de chacun n'est pas le digne fils d'Harval mais pourtant c'est la main sur le manche de son arme blanche qu'il se décide à faire face.  


« Q.. qu.. Qu'est-ce que.. ?! »



Sa bouche se tord sous la volonté de hurler à l'aide mais c'est à peine un souffle étranglé qui s'échappe d'une gorge comprimée par la peur. Quelque chose se tient derrière la fenêtre. Un corps noyé dans les ombres, se fondant avec l'obscurité de l'extérieur. Une silhouette enveloppée de brume noircie, deux yeux creux fixés sur l'enfant paralysé. Il traverse la fine barrière de verre sans un son. C'est gigantesque, une odeur de sable chaud envahit la chambre mais c'est la température régnant soudainement qui obstrue les réactions de Drahzel. Une vague de chaleur s'abat sur son corps et le cloue au sol. Il tombe à genoux et halète tandis que la créature troque son voile contre une carapace de feu.


« R'oroa o noamromoa noas.. r'oroa mosomoa aa.. r'oroa so oaamoa o au lia'aum ar somoa méa'rlnosé »



La voix ricoche dans son crâne et lui arrache un gémissement plaintif. Il acquiesce avec la force du désespoir sans se demander comment il parvient à saisir le sens des mots prononcés. Des larmes s'échappent de ses yeux et s'évaporent avant d'avoir touché le sol. Quelques gouttes de sang s'écrasent sur la moquette, son cœur bat à ses tempes et des vertiges le saisissent. Sa langue asséchée passe rapidement sur ses lèvres meurtries et il parvient à faiblement articuler :


« D'ac..accord.. d'accord... »





La fraîcheur de la nuit revient. Les bougies sont totalement consumées et la cire coule mollement sur le bois du petit meuble. Il relève la tête et reprend peu à peu sa respiration, plus personne.
Il se redresse et sort sa lame de son étui de cuir pour la laisser tomber à ses pieds, les yeux perdus vers le ciel, la vue à nouveau dégagée.



Qu'importe ce qu'il adviendrait, qu'importe ce que c'était, qu'importe Liophé. Drahzel cette nuit retournera se coucher. En silence.
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Message par Yenepha Mar 4 Aoû 2015 - 9:46

[BG Yenepha] L'enfant du Dormeur. Pregna10


• Grossesse défendue




Et ce furent les jours les plus sombres des dunes. Des jours transformés en longs mois, mois de peine, mois de traque, chagrin et doutes. La fureur, Harval pointe du doigt toutes les directions et déverse ses vampyres armés. Toutes, sauf celle de la Cité. Les batailles triplent, un lourd silence se creuse sur le village. Impossible de dire nos craintes à voix haute. Des condamnations pour les faiseurs de rumeurs, des condamnations pour l'enfant qui les écoute, condamnations pour la mère qui laisse faire, condamnations pour le vieillard et ses livres. Bientôt c'est l'existence même du Mal qu'il nous a fallu bannir. On a brûlé les écrits et on a attendu le retour d'une Reine disparue. Qui à ce moment aurait osé avancer l'idée que celle-ci était en Sa compagnie ?



Drahzel dans le petit bureau fait ses lettres. Accompagné du précepteur Cayran il s'applique sans un bruit et sa plume inlassablement va et vient sur le parchemin finement travaillé. L'enfant s'était enfermé dans un mutisme que l'on excusait par l'absence de sa mère adoptive. Il ne regardait plus par les fenêtres, sans doute une manière d'étouffer son tourment. Parfois, on essayait de le faire rire. Il s'excusait d'un sourire las, un sourire qui signifiait : « Pas la peine, j'ai trop à penser et je veux le faire seul. »




Au cinquième mois les aînés des familles du Clan ont commencé à contester les décisions prises. Il fallait tourner la page et penser économie. On ne pouvait pas se permettre de soutenir un rythme de chasse et de guerre, équiper à la fois ceux qui partaient au combat et ceux qui retournaient le Désert, en vain. Harval devait se reconstruire. « Pensez à votre fils » ils lui disaient. Et le Sang-pur fatigué répondait : « Elle ne l'a jamais aimé. ».


Au sixième mois des tempêtes de sable répétées. Violentes, elles crevaient les toitures et desséchaient les corps. Les denrées se faisaient rares, les humains reculaient trop profondément dans les Terres et nos vampyres à nous poursuivaient l'obsession d'un mari brisé. « Il faut trouver de l'eau et de la viande Harval. », il passait ses mains sur son visage en secouant doucement la tête. « Non, il faut trouver Liophé. »



Puis au septième mois, au milieu de l'après-midi, ils l'ont rapportée. Trouvée à errer au milieu de rien, incapable de retrouver son chemin. Les vampyres ont accouru en criant son nom et ce jour-là toutes les maisons sont restées grandes ouvertes. Le retour de Liophé.


Les traits creusés, le visage complètement amaigri. De larges cernes noires sous des yeux enfiévrés, les lèvres gercées et les jambes tremblantes. Elle portait une robe pourpre et des souliers de cuir et elle riait. Un rire qui nous a tous figé. On échangeait des regards gênés et la Reine au milieu soutenue par les soldats ne s'arrêtait pas. Harval est arrivé en courant et on s'est écarté pour le laisser passer, il était suivi par Drahzel, moins pressé. Il l'a prise dans ses bras avant de tomber à genoux avec elle, secoué par un sanglot trop longtemps retenu. Il caressait ses cheveux rêches en remerciant son équipe qui s'est reculée, leur laissant un moment à eux.



Ils sont restés un moment au sol à échanger quelques baisers. Nous on attendait. Il y avait ce malaise qui grimpait et on avait du mal à se réjouir de la réapparition de la Reine. Un pressentiment écrasait le soulagement qu'on essayait pourtant de simuler au mieux par le biais de quelques sourires forcés. Ils se sont relevés et là, on a compris. On a tous compris et Drahzel lui était le seul à continuer de sourire. Liophé était enceinte. Il a baissé les yeux sur son ventre et les a remonté sur son visage, chargé d'interrogations. Mais elle s'est remise à rire et son bonheur était si flagrant, si poignant, qu'il n'a posé aucune question.


Un frisson a parcouru l'ensemble des vampyres rassemblés. Quelques protestations rapidement canalisées par les soldats, puis à nouveau ce silence. Elle rayonnait et nous, nous étions paralysés. Un contraste de taille, les secondes se sont mises à ralentir et Harval enfin, l'air de rien, l'a invitée à rentrer à la maison, main dans la main. Après quelques pas elle l'a arrêté.

Il s'est tourné vers elle et elle a prononcé ses premiers mots :



« Elle s'appelle Yenepha, c'est ma fille, Il me l'a promis. »
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Message par Yenepha Sam 17 Oct 2015 - 15:50

[BG Yenepha] L'enfant du Dormeur. 1445089184-mad-max-fury-road-sand-storm-by-twistedbobbay-d7sts5v


• Tempête d'évènements




La grossesse avait fait le bonheur des futurs parents et Harval avait continué d’imposer un silence de mort sur les éventuelles rumeurs qui s’en découlaient. Tant et si bien qu’à la fin, nous nous étions tous persuadés que tout allait pour le mieux, que tout n’était qu’une suite logique. Liophé est morte en couche et Harval a nommé l’enfant Yenepha, comme elle l’avait souhaité. Un oranger devant les portes de leur demeure s’est mit à pousser, un arbre fruitier au milieu du sable, une belle et unique orange par année, un signe ? Tous les ans le fruit était pour elle.


Un temps de paix, et puis…




« Laisse Drahzel ! Ne le touche pas ! »


Elle a d’abord tranché le bras du père qui battait son frère. Un coup d’épée franc, puissant. La petite fille aimée d’à peine huit ans protégeait sans réfléchir celui qui avait veillé sur elle avec amour dès sa naissance. Drahzel…



Quand Yenepha sortit du ventre de Liophé, quand la Reine prit feu et disparut dans un tas de cendres pour ne laisser qu’un nourrisson aux yeux en amandes, le sacrieur devenu jeune homme vit en elle le lendemain du Clan et ne versa pas une larme.

Il s’était tourné vers la Forêt interdite et avait juré au Mal de ne jamais la quitter. Si les autres avaient préféré s’enfoncer dans le silence et le déni par peur des représailles d’Harval, lui le disait haut et fort : Elle était Sa progéniture. Le souvenir de sa rencontre avec cette Chose était encore si vif, la peur de le contrarier…



« Un Chef de Clan qui n’a plus qu’un bras est un Chef de Clan faible. Les Dunes ne seront PAS, dirigées par la faiblesse. »

Son épée s’est de nouveau levée et ceux qui avaient accouru aux cris de souffrance du Dirigeant sont restés parfaitement immobiles. L’épée était plus grande, plus lourde qu’elle et pourtant il se dégageait une volonté inébranlable de ce petit corps à la tignasse rousse. Un regard inflexible, ses paroles avaient un sens c’était indéniable et son jugement avait été prononcé avec un tel aplomb que personne n’avait su trouver quoi y redire.

Elle a regardé les gardes et les servantes et a hurlé.

« Je nomme mon frère à votre tête ! »

Et elle trancha celle de son père. Ils se sont tous inclinés et Drahzel devint le Roi jusqu’à temps que l’enfant atteigne ses quinze ans. Ils formeraient alors le nouveau couple dirigeant.


Les années ont passé.


Yenepha était une petite fille soigneusement entourée des meilleurs. Elle avait beaucoup à apprendre, mais elle apprenait vite. Très vite. Respectée de tous, bien plus que son frère qui n’avait finalement ni prestance, ni attitude guerrière. Très peu d’autorité, il était surtout là en attendant qu’elle soit apte à prendre la relève. Le passé s’est lentement enterré sous une épaisse couche de sable et les oranges ont continué de pousser.



An 645 – Année de ses treize ans.


- Qu’est-ce que tu regardes avec autant d’attention ma belle ?
- Pas grand-chose, les Dunes. Il n’y a que ça à regarder ici.
- Tu es tracassée jeune Yenepha. Tu ne peux rien cacher à ton vieillard de précepteur.
- Je crois que quand le vent souffle sur le camp, quelqu’un m’appelle. Ne dis rien à Drahzel, il se moquerait de moi.


Il se mit à rire avant de passer sa main osseuse dans ses cheveux pour les ébouriffer. Elle ne tenait que rarement en place, la voir assise et rêveuse c’était exceptionnel et le tableau de son élève bien sage le fit sourire. Il n'avait pas pris ses paroles au sérieux et la belle n'insisterait pas.


« Peut-être les Dieux qui sont en train de te rappeler que tu as encore tes leçons d’Histoire à faire. »




Ce cours avait été le dernier de Cayran, égorgé dans la nuit avec sa femme Okibé.


Une agitation certaine s’est alors emparée de la demeure des deux jeunes dirigeants. L’approche des quinze ans de Yenepha, un avertissement à son encontre ? Peut-être les aînés des autres familles qui souhaitaient ardemment sa place. Il n’était pas concevable de prendre le moindre risque avant l’officialisation de la petite Reine.

Elle n’avait pas eu le temps de le voir, ni même le temps de hurler la moindre protestation, Drahzel emmena avec lui sa sœur aux aurores pour le Continent d’Amakna.


Il y connaissait une certaine Kysae Gwendalavir, elle lui devait un service. Sans doute que la disciple d’Ecaflip saurait prendre soin de sa sœur pendant que lui s’efforcerait de régner seul, attendant avec impatience le jour où elle pourrait revenir à ses côtés.



C'était un pari risqué, mais il manquait de temps...

Bien plus qu'il ne l'imaginait.
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Message par Yenepha Dim 18 Oct 2015 - 0:22

[BG Yenepha] L'enfant du Dormeur. 1445111777-sketch-08-by-sparzz-d6z4fiq


• L'appel d'Azrothar



Confiée à la Gwendalavir, Drahzel s’en était retourné sur l’Île de Mynia sans se défaire de ses inquiétudes vis-à-vis de sa soeur. Kysae avait aussitôt montré un vif intérêt pour la jeune fille et les deux s’étaient étroitement liées dans une complicité sans faille apparente. Yenepha peu à peu apprenait à supporter les absences de son frère trop occupé et dans sa maison en Sufokia, elle entamait un semblant de nouvelle existence. L’illusion d’une parenthèse. Loin de son désert, loin de son peuple, deux années à attendre, deux années avant de prendre la tête de son Clan.

Elle fit la rencontre de Clydhe le fiancé de sa protectrice puis de Wolf, rapidement un modèle à ses yeux. Une première approche du Clan Shuligan, l’apprentissage des mœurs et usages, des façons de vivre si différentes de son chez elle. Elle faisait rire, elle ne comprenait pas toujours et son éducation de petite guerrière ne collait que rarement au rythme de vie plus délicat des continentaux. L’ivresse de la découverte et la gaité innocente due à sa jeunesse, elle prenait goût à ce tournant si soudain de sa vie.


Et pourtant le vent qui soufflait à ses oreilles ne cessait de murmurer son nom...

Comme un rappel à la réalité, une réalité qu'elle ne saisissait pas encore.




Peu de temps après le départ de Yenepha - Sur l'Île de Mynia.



« Yenepha ... rraos oa rla'a ... Yenepha ... ooc rla' oannor. »


Les enfants se réveillaient en hurlant dans la nuit et se tenaient la tête à pleines mains, suppliant que les voix cessent. Une hausse monstrueuse des températures asséchait les derniers cours d'eau tandis que les réserves de sang s'épuisaient plus vite que le gibier ne se montrait. L'oranger de l'enfant partie s'était embrasé dans la journée et d'épais nuages d'un sable rouge sang se dessinaient sur l'horizon, annonçant des jours de tempêtes à venir.

Drahzel monte trois à trois les marches de la demeure dirigeante. Le grenier auquel il avait donné l'allure d'un bureau - et où il pouvait passer des jours entiers à percer les mystères de l'archéologie et de l'histoire de son île - lui était strictement réservé. Si Drahzel n'était pas devenu un fier guerrier ou un Chef à la voix qui porte au loin, il se démarquait cependant par une intelligence fine et un travail obsessionnel. Cet amour pour la recherche décrochait des rictus de mépris au visage de ses subordonnés mais ignorer les autres, il avait toujours su le faire. Il haïssait ces imbéciles qui se contentaient de survivre sur cette terre hostile et qui préféraient rester dans la peur que de soulever les pierres et lire les anciens écrits. Lui, il était au-dessus de ça, il en était persuadé. Il se sentait presque ... Privilégié.

Il s'assied en tailleur au milieu de la pièce et ferme les yeux, les mains sur ses cuisses, le dos droit. Il cherche l'engourdissement du bout de la conscience, appelle au songe, réclame la présence de Celui qui était venu lui rendre visite et pour qui, enfant, il s'était tu. Il connaissait le chemin au travers des méandres de l'Onirique, il avait étudié l'art du voyage vers le Royaume de la créature qui régnait sur cette île depuis son sommeil sans fin.

Azrothar, premier et dernier Efrit, entité du Feu et du Rêve. Un culte pratiquement oublié, renié, la créature tapie dans son Royaume de visions était bien trop égoïste pour prendre le temps de soulever longtemps des fidèles. Un désintérêt placide pour le reste des êtres vivants, hormis quand il s'agissait de les détruire, de les ravager par sa flamme. Il avait pourtant toléré la présence des différents clans autour de sa Cité et il avait même implicitement participé au développement des Vampyres des Dunes, insufflant énergie et ambitions en échange d'un respect des frontières. Las des plaintes de la Reine de ses protégés, il avait même daigné l'amener à lui et s'accoupler avec elle. Une mauvaise plaisanterie pour cette hystérique au besoin de maternité, elle ne pouvait y survivre et pourtant...

Elle avait tenu et au-delà de ça, elle avait offert à l'Efrit une fille. Il avait sous-estimé la volonté de cette femme.




Doucement les murs du grenier se sont écartés avant de s'effriter au sol en une poudre dorée. Les lattes du parquet se sont changées en sable noir, les contours des meubles se sont troublés et la réalité finalement sans un son s'est brisée. Éclatée pour laisser naître à sa place le Cœur de l'Onirique.

Un plongeon, sillon de vibrations rythmées, puis Drahzel émerge.

Du sable brûlant sur le bout de sa langue, autour de lui les formes ondulent, floues. Des dunes, un crépuscule se creuse et le ciel prend la teinte du rouge sombre. Un poudroiement d'écume sortie du ciel, de larges gouttes s'écrasent sur son visage et des sillons translucides se dessinent sur son corps détrempé. Un embrasement d'éclairs, le vent qui se lève et emporte avec lui les contours imprécis du décor de la vision, la pluie se change en feu et la douleur cogne à ses tempes.


« Et celui qui écarte l'enfant de mes Terres ose se présenter en mon Sanctuaire... »


Une forme incendiaire occupe à présent tout son champs de vision et la voix est portée par des bourrasques brûlantes qui abîment son visage. Au milieu des flammes un être humanoïde et osseux s'anime de temps en temps. Une ombre au milieu d'une danse aux relents d'enfer.


« Je l'ai écartée... Pour mieux la protéger. La jalousie et les ambitions des aînés de notre Clan s'intensifient au fur et à mesure qu'elle grandit et donc je ... »

Azrothar ouvre une gueule béante et rugit furieux tandis qu'un cercle de lave se creuse autour d'eux. Drahzel se tait et décuple ses efforts pour rester conscient. Son sang continue de bouillir dans ses veines et son crâne est sur le point de se fendre en deux.


« Tu confies l'Unique d'Azrothar aux mains de la sorcière de l'esprit et tu oses justifier ta stupidité derrière une volonté mal placée de protection... Misérable transformé. Mon héritage gronde et souffre de rester sous silence. Oui les années passent mais non, elle ne grandit pas. La croissance se refuse de débuter, la croissance qu'elle mérite, une croissance de flammes. Yenepha tourne le dos à mes appels et son insolence entrave son évolution, sa sublimation. Pourquoi.. Quelque chose, quelqu'un, ma fille se détourne de mes murmures et retarde l'inévitable. Je.. ne suis pas ... patient, transformé. »


Drahzel décolle ses cheveux de son front trempé de sueur et reprend la parole.


- La sorcière est puissante, elle veillera sur Yenepha. Elle aime l'enfant elle tient à elle, je l'ai vu, je suis sûr de moi. Il y a aussi deux Shuligans, je jure qu'elle est choyée. Elle se plaît là-bas, elle s'amuse et elle continue d'apprendre. Dans deux ans elle reviendra pour prendre sa place à la tête du Clan. Je ne saisis pas cette histoire de croissance... Ma sœur n'a pas besoin d'un héritage, elle a tout ce qu'il lui faut.

- Ta sœur ? Elle n'était pas ta sœur du temps où elle était l'enfant de Liophé et Harval, elle ne sera pas plus ta sœur maintenant qu'elle est enfant d'Azrothar. Son ton d'abord méprisant à souhait redevient soudainement plus calme, presque attentionné. Drahzel... Contente-toi d'obéir. Je sais.. que tout cela te dépasse.. Sache que je ne désire que son bien. Je ne peux diriger mes pensées ailleurs que vers elle et je souffre de son indifférence. Je ne regarderai pas mon enfant m'échapper éternellement et gâcher son potentiel, comprends-tu ? Trouve un moyen, que ses yeux se tournent vers les miens..

- Bien.. Je n'ai pas à discuter.. Vous savez ce qu'il y a de mieux à faire pour Yenepha. Je.. je vous demande de pardonner ma naïveté et mon imbécillité. Je ne peux pas la ramener ici pour le moment, elle ne comprendrait pas et c'est la mettre en danger. Je ne peux pas non plus la guider à travers une transe, je n'ai pas l'expérience nécessaire mais... Il y a une Shuligan qui peut-être le pourrait. Une certaine Gotthyka. Est-ce que ... Yenepha va changer ? souffrir ? qu'est-ce que tout cela implique... Elle est la future dirigeante de mon Clan alors...

-Lio famauromoaa soa hoaam o sos omoaarros o oara'ms sa'aus ro lia'augh co r'oagha'ao, rloa nauassoao mona'aussomoa sos rarlaos. Ro a'mns so nraomoa oa r'homaoagho o oara'ms r'oroa cau ca'mrloaum nmocmoa roa nroao c'Azrothar...


Le bureau se reforme et le malaise s'estompe avec la douleur. Les plaies cicatrisent rapidement mais Drahzel cependant reste au sol. À voix basse il répète à plusieurs reprises les dernières paroles de l'Efrit tandis que son esprit s'efforce de traduire quelques bribes. Il pâlit légèrement et le début de la phrase d'Azrothar prend sens sur ses lèvres.


« Je brûlerai sa chair et ses entrailles et alors sous le joug de l'agonie, ma puissance repoussera ses limites... »
Yenepha
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Message par Yenepha Lun 2 Nov 2015 - 21:09

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• Sorcières



Parfois la nuit elle se réveillait sans raison. Plusieurs fois par heure, tiraillée entre le sommeil et l'absolue nécessité de garder les yeux ouverts. C'était une sensation angoissante qu'elle n'expliquait pas mais elle le sentait, ses rêves devenaient de plus en plus opaques et quelque chose continuait de l'appeler. Ne pas dormir la rassurait. Parfois le matin une fleur séchait était déposée sur ses draps, parfois elle ne comprenait pas tout.




Sufokia - Un mois après l'arrivée de Yenepha.


- Kysae … Elle a tout d'une petite Shuligan. Elle est vive d'esprit, dynamique, elle sait se débrouiller et elle a un don pour la baston. Je devrais au moins lui en parler.
- Mais c'est complètement idiot Clydhe ! C'est une future cheffe de Clan, elle ne reste sur le continent que pour deux ans. Elle n'a rien à faire chez une bande de petits malfrats pathétiques aux pratiques morbides qui vont dans le meilleur des cas lui bousiller son éducation et dans le pire lui rapporter des ennuis. Drahzel n'accepterait jamais ça. Je dois veiller sur elle, pas la mettre entre les mains des pires crétins du Continent.
- Elle dit qu'elle veut apprendre et découv... !
- Oui oui, apprendre, j'ai déjà accepté que Wolf vienne jouer les instructeurs et ça n'a rien de très concluant. Elle mérite mieux comme fréquentations. Drahzel a déjà frôlé l’infarctus quand il a vu que sa future femme traînait avec lui.
- Elle bosse à la Cour elle pourrait nous être utile. Elle dit qu'elle s'ennuie, qu'elle en veut plus...




Plus.

Toujours plus. C'était vrai. Plus le temps passait, plus elle sentait gronder en elle l'impression d'un manque à combler. L'inaction lui retournait l'estomac.


Couchée à plat ventre sur les tuiles du toit de la maison elle les écoute en silence. Ses yeux vont de l'un à l'autre et la conversation arrache un sourire amusé à la fillette. Elle les reconnaît bien là. Kysae toujours trop protectrice, l'écatte avait du mal à la garder à la maison plus d'une heure et elle s'en rongeait le bout des griffes. Clydhe têtu, même si sa bien aimée lui démontrait par A plus B que son idée n'était pas à retenir il viendrait quand même lui faire sa proposition. Elle en était certaine.

Rejoindre les Shuligans ? Pourquoi pas, si ça lui permettait de se divertir et de progresser. Elle appréciait Clydhe et Wolf avait peu à peu pris une place de grand frère dans son cœur. Deux années à patienter ici, autrement dit une éternité aux yeux de Yenepha.

Elle se laisse glisser le long du toit et finit accroupie derrière la maison. Pas le moindre son, elle savait se déplacer là où jamais sa présence ne serait trahie. Sur ce elle avait estimé en avoir assez entendu et préférait se retirer. La jeunette non sans réprimer un léger frisson s'enfonce dans les eaux fraîches de Sufokia. C'est Wolf qui lui avait appris à nager et même si l'idée de tremper dans un quelque chose de si rare et précieux de par chez elle n'avait pas été simple à accepter, elle devait reconnaître qu'ici c'était bien pratique. Elle n'avait jamais vu autant de flotte de sa vie.




Elle pouvait retenir sa respiration jusqu'à une minute et quarante huit secondes, c'était son record actuel et c'était bien assez pour atteindre la rive opposée. Son regard balaie les alentours et ses doigts se promènent au milieu des petits bancs de poissons qui fuient à son approche. Ses pieds nus prennent appui sur le fond, ses jambes battent doucement et elle remonte à la surface plus loin pour poser ses mains sur le ponton mais celui-ci est occupé.


Des femmes debout tout du long et face à elle. Peut-être une trentaine, elles occupent toute la surface en ligne figée et leurs robes informes et trop amples tombent jusqu'au sol. Yenepha surprise lève la tête pour regarder celle qui se tient juste devant et celle-ci lui rend son attention sans pour autant s'écarter du passage. En réalité, elles sont toutes en train de la dévisager. Des visages marqués par les années, aucune note de charme, juste des peaux abîmées.


« Excusez-moi mais j'aimerais remonter en fait. »


Aucun geste, aucune réponse. Yenepha n'est pas connue pour sa patience, surtout quand il s'agit de se faire entendre d'une bande de folles en travers de son chemin. Elle répète sa phrase et souhaitait en fleurir la fin d'une menace, qu'elles prennent note de l'urgence de leur départ, mais une main sortie de l'eau dans son dos lui empoigne les cheveux et l'oblige à replonger. Un cri de surprise rapidement étouffé, elle regarde autour d'elle mais personne. Absolument, personne. Une première tentative pour remonter, une seconde, une force la retient irrémédiablement par les cheveux les jambes ou les bras et la panique commence à lui grignoter le peu de souffle qu'elle avait conservé.

Les ombres des corps au-dessus d'elle n'ont pas bougé. Elle se débat, de larges bulles s'échappent de sa bouche, elle veut hurler de protestation et ces femmes continuent d'assister à sa noyade sans aucune réaction. L'eau s'infiltre et ses poumons brûlent, elle sent qu'elle ne va pas tenir encore longtemps et ses ongles se retournent et s'arrachent sur la pierre du muret immergé devant elle.

La vue qui se trouble, ça tourne. Puis elles partent toutes dans des mouvements précipités, peut-être une fuite, elle a du mal à réfléchir et voilà quelques secondes qu'elle ne cherche plus à remonter. A l'inverse elle s'enfonce même mollement et puis vint le noir absolu.




« Yenepha ! Allez ma belle, crache ! »


La vie se décide à revenir.


« C'est terminé... Calme toi, c'est fini, on rentre toutes les deux. »


Elle était dans les bras de Kysae, elle reconnaîtrait son odeur entre mille. Sa protectrice était intervenue et elle la serrait contre elle en lui caressant les cheveux. Quelques paroles rassurantes, Yenepha ouvre les yeux.

Les femmes n'étaient plus là sans surprise mais le ponton était entièrement recouvert de marques gravées dans son bois. Des dessins incompréhensibles entremêlés à des sortes de runes, elle suit des yeux le chemin jusqu'aux maisons un peu plus loin. De petits fagots de bois sont assemblés et pendent aux poutres, ficelés. On dirait qu'ils forment des corps et tous sans exception se balancent lentement de droite à gauche. Les portes sont peintes, un œil ouvert en rouge sur chacune d'elle. Une fleur séchée près d'elles, puis la main de Kysae sur son visage.


« Ne regarde pas Yenepha. Peu importe ce qu'elles veulent, peu importe le pourquoi, tu es sous ma protection. »


Elle l'embrasse sur le dessus de la tête et garde ses lèvres sur ses cheveux détrempés. Bien entendu des centaines de questions la harcelaient mais bercée par les attentions de la Gwendalavir, Yenepha garde le silence et tombe dans un sommeil réparateur lourdement incité.


« Voilà ma belle c'est bien.. Inutile de te tracasser petite Reine, bientôt elles ne pourront plus rien contre toi, elles s'y prennent trop tard. Bientôt et en attendant, moi, je ne te lâcherai pas. »
Yenepha
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