[INSERT A TITLE], BG de Brousse-Li

Boum, Clac, Boum, Clac, Boum...
"Brousse arrête de jouer avec ta chaise s'il te plaît."
Boum, Clac, Boum, Clac.
"Brousse, arrête ça maintenant. Tu déranges tes camarades et le déroulement du cours."
Boum, Clac.
"Brousse, une fois de plus et je t'envoie chez le directeur !"

Boum.

La chaise termina sa symphonie. Brousse n'arrêta pas sa rêverie.
On ne pût dire que c'était un élève perturbateur. Il était perturbé en revanche. Solitaire et monotone.
A l'école, rien ne l’intéressait. Pas même la compagnie de ses camarades. Ce gosse a simplement grandit trop vite, loin des préoccupations des jeunes de son âge. Pendant qu'ils jouaient au BouffBall, à se courir après ou à en apprendre plus sur l'histoire des divins et des dofus lui se verouiller un peu plus à l'intérieur de son monde. La clé tournait toujours un peu plus dans le loquet.
Il n'avait qu'un ami, qu'un confident : Tundra, son mulou en peluche. ça lui suffisait amplement. Au moins Tundra ne parle pas, ne le juge pas, et ne le frappe pas. Et il peut tout lui dire, sans crainte de représaille.
Il n'avait pas encore choisit de divins à vénérer, quand la plupart de ses camarades en avaient déjà une petit idée. Au fond, il s'en fichait.

Il avait 8 ans, et le minot qu'il était regretter déjà sa venue au monde.

Sa mère est morte en couche. Il s'en voulait, affreusement, depuis qu'il est en âge de le comprendre. Il faut souligné que son père, alcoolique de nature (et sûrement de naissance même) lui répétait lorsqu'il revenait ivre de ses soirées. Si bien que tout les jours il s'entaille la jambe droite, toujours au même endroit, en dessous de la cheville. Cette souffrance qu'il s'inflige lui rappelle sa mère, c'est sa manière de lui rendre hommage.

La vie passa quelques temps sur ce modèle habituel, avec toujours la même trame : Familièrement monotone. Jusqu'au jour où :

"Bon les enfants, aujourd'hui est le grand jour tant attendu du choix de votre Divin. Comme vous le savez, il est nécessaire de le faire pour continuer vos études et passer vos classes sur Incarnam. Si certains ont déjà fait leurs choix, d'autres sont peut-être encore indécis.
Voici quelques parchemins sur lesquelles vous sont présentés l'histoire et les spécialités de chacun d'eux. Lisez-les et venait me donner votre choix, au plus tard  demain matin. Il sera noté dans votre dossier."

La maîtresse passa dans les rangs et distribua les supports. Sur ceux-ci, on pouvait lire des choses que tout le monde connaissait déjà. Même Brousse, qui suivait pas grand chose. Enfin, c'est pas grave.
Le reste de la journée se passa sans plus d'anicroche que d'habitude. Et Brousse rentra à la maison, son paquet de parchemins à la main.

Son père était là.

Il était avachi sur sa chaise, la tête sur la table et la main droite sur sa bière. Il ronflait comme le Meulou.
Brousse marcha lentement sur le vieux parquet grinçant pour se diriger vers sa chambre. Il ne voulait pas le réveiller, il savait très bien ce qu'il adviendrait si une latte un peu trop bruyante venait à le faire.
A pas de loup, il tenta d'atteindre sa chambre. Au moment de tourner la poignée, une planche fit un bruit strident. ça y est, ça commence.

Une main épaisse et lourde vint s'abattre sur son épaule et le retourna brusquement.

"T'es déjà rentré, pourriture ?" Dit son père, d'un souffle. Chaud et alcoolisé.
"Oui p'pa. Et faut que je révise un peu. Tu me laisse y aller ?" Il lui montra le paquet de feuille.
"Ne me ment pas, j'sais très bien que t'en branles pas une. Et c'est pas ce soir que tu vas t'y mettre."
Il prit une gifle cinglante, qu'il encaissa sans même se frustrer. Comme d'habitude.
"Qu'est-ce que tallais y foutre alors ?"
"Réviser." Mensonge ou pas, il savait qu'il allait en prendre une autre.
Son père lui mit un coup de genoux dans le ventre. Brousse expulsa un peu de sang et laisse tomber ses cours.
"Ne t'amuses plus à me mentir, pourriture."
Il ramassa un des papiers, éparpillés sur le sol.
"Pouah, t'allais lire des trucs sur les Douzes ? Z'ont jamais servis à rien ceux-là. D'façon, y'a que les branleurs qui prie. Partir à la chasse aux Oeufs ne donnera jamais rien de concret. Chasser, et cuisiner sa viande. Y'a que ça de vrai."
Il déchira la feuille qu'il avait entre les mains, en fit une boule et la lança sur le visage de son fils en ricanant. Puis il se retourna et fit quelques pas en titubant.

"Va te faire mettre." chuchota Brousse, pour lui même. Mais c'était parvenu à d'autres oreilles...

Il fût frapper d'une douleur vive dans le bas du dos et il s'effondra sur le sol. Il ne sentait plus ses jambes. Il tourna la tête et vit son père, fou de rage, un manche à balais à la main qui s'acharnait dessus. Brousse s'évanouit.
Il se réveilla quelques heures plus tard. Il était prit d'une intense douleur dans les jambes. Mais elles répondaient encore. Il releva le buste et se redressa. Le couloir était rempli de sang séché... Toutes ces feuilles était tâchés. Une de ses blessures suintait encore. Sa cicatrice. Celle qu'il s'inflige.
Il détacha la feuille qui était collé sur son pied droit. C'était la fiche sur Sacrieur, recouverte de l'empreinte rouge de son pied.
C'était un signe, forcément. Il savait qui vénérer. La douleur que son père lui infligera ne le rendra que plus puissant ! Pourquoi n'y avait-il pas penser plus tôt !
Il se traîna jusque sa chambre et s'effondra sur ce qui lui servait de lit. Il prit Tundra dans ses bras et s'endormit. Mais pour une fois, et malgré cette souffrance, avec le sourire aux lèvres.

Brousse se réveilla le lendemain matin. Pleins de douleurs et les jambes en compotes. ça lui tirait de partout et il savait qu'il allait avoir du mal à s'en remettre. Plus que d'habitude.
Il prit le parchemin sur Sacrieur, enfila son sac à dos et marcha péniblement jusqu'à l'école. Aujourd'hui est l'aube d'un nouvel avenir pour lui, il avait un but.
Il donna sa feuille, marqué de son empreintes,  à la maîtresse avec un sourire grand comme un croissant de lune !
Celle-ci était heureuse. Enfin Brousse s'intéressait à quelque chose. Quelque chose de sain et de grand.

"-Bien les enfants. Tout vos choix sont notés. Personne n'a de regret hein ?
-NON !" Répondirent-ils tous en choeur. Et en se forçant, on pouvait entendre celle de Brousse qui dominait les autres.
"-Dans ce cas. Je vous invite à vous rendre dans votre temple de classe, avec ce papier à la mien. C'est une recommandation, il valide votre niveau scolaire." La maîtresse retint une petite larme qui termina sa course dans ses paupières "Vous êtes des grands maintenant, bon courage à tous."

Brousse enfila son sac et fila à toute allure vers la sortie. Il fût arrêté par un bras.

"-Brousse, j'ai à te parler."

Il s'installa sur une des chaises et attendit qu'elle débute la conversation.
"-Je sais ce qui ce passe chez toi le soir, à la maison. Ce n'est pas la première fois que tu viens à l'écome tatoué d'immondes marques pourpres. Aussi, je ne te demande qu'un mot. Un "Oui" qui donnerait ton accord pour  que je prévienne les autorités compétentes."

Il resta bouché bée un moment. Elle avait remarquée. Elle savait. Tout ce temps, Brousse n'était donc pas se spectre sans vie qu'il pensait être aux yeux des autres. Elle s'en faisait pour lui, pour sa survie.
"-Non.
"-Tu es sûr de toi ? Je peux tout arrangé. Absolument tout."
-Non."
Il se leva lentement, et marcha jusqu'à la porte. La tête baissée. Cette entrevue avait tout chamboulée dans sa tête. Tout chamboulée dans sa conception de la vie. Une latte de parquet près de la porte reçu une goutte humide comme elle en reçu tant, symbole de nouveau départ.

Après un rapide tour chez lui pour récupérer des affaires, il passa sa matinée à essayer de se repérer en Amakna. Nombre de badauds qui croisèrent sa route ne l'aiguillèrent même pas. Ou quand ils le firent, c'étaient pour le perdre un peu plus.
En début d'après-midi, il trouva les montagnes des immenses Craqueleurs. Créatures rocailleuses animées par un coeur de pierre. Heureusement, ces monstres étaient du genre pacifique. Enfin, si ils ne se sentaient pas agressés... Et il trouva son temple, creusé à même la montagne, derrière une cascade.

Exténué, il réclama un peu d'eau à l’accueil. Il en reçu, en plein visage.

"-Montre ta lettre, gamin."
Il lui tendit. L'homme la plaça dans un des tiroirs.
"-Tu es ici chez les disciples de Sacrieur, et on va t'apprendre à aimer la souffrance. Physique et moral. Suis-moi"
Brousse emboîta le pas de l'inconnu
"-Moi, c'est Isil l'Dur. J'm'occupe essentiellement à diriger les gens comme toi. Mais j'fais aussi la cuisine et accessoirement, je suis gérant de l'internat. En gros, si je t'ai dans le nez, j'peux cracher dans ta soupe et remplir ton lit de punaises." Il rit un long moment "J't'emmène voir Raguena l'Roc, Grand Disciple et formateur en chef. C'est avec lui que tu apprendras à honorer ton Divin et que tu adoptera la souffrance."

Après de longues minutes silencieuses passées à arpenter des salles et couloirs touts plus sombres et imprégnées de sangs séchées, le binôme arriva devant une grande porte vermoulue. Aux grands anneaux dorées et lourds. Isil frappa plusieurs fois avec l'aide de ceux-ci.
"Fais le entrer" gronda une voix à l'intérieur.
"Bon courage novice" ricanna Isil l'Dur en s'éloignant
Brousse prit son courage à deux mains et entra dans une pièce complétement noire. Aucune bougie ne luisait, même faiblement.
"-Alors comme ça, tu veux vouer ta quête des Dofus à Sacrieur hum ?"
Brousse ne détermina pas la direction de la voix. Mais elle était rauque et puissante, comme celle des anciens dragons.
"-Oui" répondit-il, faiblement.
Il reçu un un coup dans le ventre, qui le fit vacillé.
"-Ici, la souffrance s'apprivoise et la douleur s'adopte. Parce que c'est elle qui nous rends plus fort. Première leçon, apprend à encaisser gamin, sans rechigner."

Il prit des coups rapides et bien placés de part et d'autres du corps. Mais Brousse tenait debout, stoïque. Il lâcha un râle.
"-Plutôt bien, la moitié des nouveaux venus seraient déjà par terre maintenant. Prêt ? on attaque ou ça fait mal."

L'Homme lui asséna trois coups lourds sur sa jambe droite. Cette jambe, tout comme l'autre, enquilosée de la veille, défaillit et il posa genou à terre. Il respirait fortement, comme un loup épuisé.
"La douleur te cotoies depuis bien avant ces quelques frappes amicales. Bien, très bien même."
Un genou vint s'écraser sur le front de Brousse, qui en tomba à la renverse et perdit connaissance aussitôt.
"Bienvenue parmis nous."
Il se réveilla longtemps après, sous le regard d'Isil et de nombreux inconnus. Il sursauta devant une telle foule.
"-T'en fais pas Brousse, c'est l'examen d'entrée, tout le monde ici en a subi un. Paraît que t'as tenu longtemps hein ? C'est bien, c'est ce que Raguena apprécie. Tu feras peut-être un bon disciple." Dit le Dur.
"-Moi j'ai tenu 4 frappes, après j'me suis évanoui" lança une voix.
"-Moi, zeulement une, que zai prize dans les dents" en lança une autre.
Et chacun y allait de son anectote sur l'examen. Lui n'avait pas compté. 15 ou 16 ? 17 peut-être en comptant la dernière.
"S'il vous plaît, pouvez-vous me laisser un peu ? J'suis vraiment fatigué et ça me tiraille de partout. J'aimerai bien dormir un peu."
La foule se dissipa. Isil lui tapa gentiment l'épaule et lui dit "C'est bien gamin" avant de s'éloigner aussi.
Il fouilla un moment dans ses affaires qu'on avait pris soin de mettre à côté de son lit (un vrai lit !) et trouva Tundra. Il s'affala sur sa couchette et dormi. Comme un bébé.